Julia Scalbert propose une peinture de l'invisible, sobre, minutieuse et pourtant tendue et sensuelle. Elle l'élabore lentement, couche après couche en troublant les rapports du fond et de la forme. Celui-ci dans ses tableaux en occupe plutôt la surface qui est normalement l'espace de la forme, faisant écran par la superposition de couches fluides, quasiment monochromes, dont l'empilement éteint leur lumière.
Les formes, souvent tubulaires semblant résulter de son fractionnement sous la poussée d'une couleur sourde, plus vive, comme volcanique, qui aurait dû en occuper la surface. Elles paraissent lourdes alors qu'elles sont sans épaisseur, fortes alors qu'elles sont sans matière, stables alors qu'elles sont labiles, énigmatiques parce que totalement silencieuses, insaisissables parce que non identifiables et pourtant familières.
Jean-Paul Blanchet |