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Warren, 1/4 de seconde en Cinémascope 2007
Installation, faïence émaillée, 7 pièces 50cm x 35 cm X 50 cm, caoutchouc recyclé, 800 x 200 cm
Arrière plan : projection de Fabien Giraud et Raphaël Siboni
Vues de l'exposition Dynasty, Palais de Tokyo, 2010
Photographie Pierre Antoine
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Warren, 1/4 de seconde en Cinémascope 2007
Installation, faïence émaillée, 7 pièces 50cm x 35 cm X 50 cm, caoutchouc recyclé, 800 x 200 cm
Vue de l'exposition Mail Delivery System, Marseille, Artistes Associés, [mac] Musée d'art contemporain, Marseille
Les sept portraits en faïence, anamorphosés, de Warren Oates, acteur anti-héros de road-movie et de westerns “crépuscu-laires”, accusent de micro différences (dans l’orientation et la forme de la tête, le traitement des cheveux et de la veste) pour constituer une horde de réplicants ou mort-vivants. Ils sont les photogrammes, réintroduits dans notre réalité tridimensionnelle, d’environ 1/4 de seconde de pellicule d’un film en format Cinémascope: l’anamorphose en hauteur correspond à la compression horizontale de l’image (via une lentille) en technique Cinémascope, qui permet de faire rentrer le format extra-large, panoramique, typique des westerns, sur la pellicule filmique. L’installation est marquée par ce double processus de compression et de dilatation relatifs de l’image, de l’espace et de la temporalité. Les sept faïences sont agencées dans un vaste espace, assez éloignées les unes des autres. Le “brutalisme” du support - dalles de caoutchouc recyclé pour boxes à chevaux ou stand de tir - contraste avec l’art raffiné de la faïence. Le raffinement et la brillance du matériau sont balancés par l’hyperréalisme caricaturé des portraits, qui les rapproche de l’artisanat populaire de la figurine en céramique. L’installation entraïne la sensation d’une dilatation de l’espace et du temps. En faisant rebasculer dans un espace concret unique les différentes images virtuelles que constituent les photogrammes, elle synthétise différentes portions infimes de temps. Mais c’est pour finalement proposer un cheminement dans un espace séquencés par différentes réalités, par les dissemblances infimes d’un même personnage. Et pour nous pousser à nous demander si ce personnage, réintroduit dans notre espace réel, n’a pas finalement moins de réalité que son double filmique, pelliculaire, virtuel, qui le fonde. Elle donne à vivre une expérience perceptive légèrement hallucinatoire qui cherche à retranscrire les troubles perceptifs qui pourraient, par hypothèse, être provoqués par la dérive ou l’errance dans un espace-temps dilaté. Cet espace-temps dilaté, que viennent hanter des fantômes, est inspiré de films d’Antonioni, Monte Hellman, Sam Peckinpah et des genres du road-movie qui, avec les films de mort-vivants, interviennent aux Etats-Unis à un moment (années 60 - 70) où les valeurs impérialistes de la conquête spatiale et du progrès se transforment en le mauvais rêve, la mauvaise conscience de l’Amérique.
These seven earthenware portraits are of actor Warren Oates a dedicated player of supporting part and anti-heroes in a scene from Sam Peckinpah’s The Wild Bunch (1969). Despite its tangibility here, this duplicated, strangely familiar face remains just an “image” tucked away somewhere in our cinema memory. The mannered character of these ceramic pieces they remind us of Mexican popular craft is in marked contrast with the coarseness of the rubber mat cut out in such a way to suggest a projector cone or road. The figures are compressed vertically and this is because they are the transposition of seven frames about a quarter of a second in cinemascope., a format rendered panoramic via projection through an anamorphic lens. The infinitely small differences between each portrait give material expression to a slow-motion effect and create a transition from the temporal to the spatial dimension. This dual process compression of the image and dilation of its time frame highlights the fact that representation is always a construct within a manipulable materiality. Because it conceals the frame/window, cinemascope has been especially suited to the shooting of group scenes and landscapes in westerns and road movies. Oates was part of the twilight of these genres when, in late 1960s context of real challenge to the “American dream”, they began to have doubts about their way of embracing the world. These portraits, then, appear as ghosts, just as in the zombie movies that came to haunt America at the same period.
Text by Pedro Morais in Bettina Samson, Laps & Strates, edition Adera, Lyon, 2009. |
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Warren, 1/4 de seconde en Cinémascope 2007
Installation, faïence émaillée, 7 pièces 50cm x 35 cm X 50 cm, caoutchouc recyclé, 800 x 200 cm
Détails
Vues de l'exposition Mail Delivery System, Marseille, Artistes Associés, [mac] Musée d'art contemporain, Marseille
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