|
Comment, par hasard, Henri Becquerel découvrit la radioactivité 2008-2009
Série de 9 photographies argentiques sur papier baryté, 80 x 100 cm
Photographie Martin Argyroglo
Les photographies noir et blanc grand format extraites de la série Comment, par hasard, Henri Becquerel découvrit la radioactivité procèdent de l’exposition de plans films pendant une à deux semaines au rayonnement issu d’une pechblende, un minerai d’uranium. Rejouant les conditions accidentelles ayant conduit le physicien français à cette découverte en 1896, l’artiste réalise de manière expérimentale et artisanale un ensemble de photographies en l’absence de toute source lumineuse à proprement parler, et révèle ainsi l’invisible. Relevant tant de la représentation de phénomènes occultes, objet de tous les fantasmes autant lors des débuts de la photographie que de l’abstraction picturale, celles-ci présentent des taches blanches sur fond noir tels des flashs de lumière. Les deux tirages numériques extraits de la série Nuclear Dust ont été soumis à une expérience identique, évocatrice des mêmes paysages stellaires.
Anne-Lou Vicente
Texte paru dans le journal de l'exposition Bettina Samson au centre d'art La Galerie de Noisy le Sec
Here a series of big black and white film photographs overlooking an outsized workbench represent the outcome of a home-made scientific experiment: artist Bettina Samson has set out to recreate the chance situation leading Henri Becquerel’s discovery of radioactivity in 1896, when he found that uranium left an imprint on photographic plates without the need for any light input. Working in total darkness, Samson exposed sheet film to the radiation of pitchblende, a form of uranium ore, and obtained near-immaterial images which, enlarged, suggest some kind of astronomical phenomenon. Can photos be made without visible light? This process recalls the pioneering use of silver-salts photography as a scientific tool and the way the resultant images were later echoed in abstract painting. Chance and error are both dynamic principles within scientific and artistic research, sharing as they do the same experimental dimension. In the middle of the room there stands, like a monumental tribute to “decisive fortuity”, a stylised marquetry transposition of the scientist’s oak workbench, a near relative of the tradesman’s. Our reading of the work, however, is disturbed by the presence of a translucent yellow plaque with silver letters etched into it, a transcription of the 1939 letter from Albert Einstein to Franklin Roosevelt that triggered the Manhattan Project for an atomic bomb. This ellipsis between two past events highlights the provisional character of our certainties as a factor that renders the notion of scientific progress distinctly problematic.
Text by Pedro Morais in Bettina Samson, Laps & Strats, edition Adera, Lyon, 2009.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Comment, par hasard, Henri Becquerel découvrit la radioactivité 2008-2009
Série de 9 photographies argentiques sur papier baryté, 80 x 100 cm
|
|
Portrait d’une Pechblende #1 2009
Portrait d’une Pechblende #2 2009
Série de deux photographies sur réseau lenticulaire, 33 x 45 cm
Photographie Cédrick Eymenier
La pechblende fut utilisée par Marie Curie afin de déterminer l’origine de la radioactivité préalablement découverte de façon hasardeuse par Henri Becquerel en 1896. Outre son usage à titre expérimental dans les séries photographiques Comment, par hasard, Henri Becquerel découvrit la radioactivité et Nuclear Dust, ainsi que dans la vidéo Cinq fois 3:30 d’expositions, Bettina Samson choisit ici ce minerai d’uranium utilisé à des fins scientifiques comme objet des deux photographies Portrait d’une pechblende #1 et #2.
Invoqué dans le titre de cette série, le genre du portrait caractérise formellement et individuellement chacun des spécimens de pechblende, leur attribuant ainsi de manière détournée des signes anthropomorphiques. L’image apparaît ici en négatif noir sur fond blanc , inversement à l’effet du rayonnement que le minerai produit sur un film, irradié et ponctué de taches blanches sur fond noir.
L’idée d’une image en creux se voit pourtant contrebalancée par le relief illusoire que lui procure son tirage sur une affiche lenticulaire. Mû par effet d’optique, l’objet semble ainsi accéder à une nouvelle dimension et produire une rémanence particulière. Immortalisé à travers ces portraits, il est rappelé à notre souvenir, et avec, ses « effets spéciaux » qui l’ont inscrit dans l’histoire des sciences, à la postérité. Anne-Lou Vicente
Texte paru dans le journal de l'exposition Bettina Samson au centre d'art La Galerie de Noisy le Sec |
|
|
|