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Kraftwerk Klingenberg Sonagramm (Montagnes de sons) 2007 Bois plaqué (noyer et wengé), plaques électroniques gravées et étamées, impression sur papier adhésif, 183 x 15 x 17 cm
Vues de l'exposition Visite Ma tente de Marseille à Berlin, SMP, Marseille, 2007
Une délicate structure en bois longe le mur, à la fois sculpture proche de l’art de la lutherie et instrument de musique rappelant un vieux synthétiseur Moog. On peut y voir (ou lire) un sonagramme, soit la représentation visuelle d’une fréquence et d’une durée sonore, gravé sur des plaques électroniques. Bettina Samson tord les paramètres du sonagramme pour faire correspondre la longueur en centimètres à la durée en minutes du morceau Tongebirge (Montagnes de sons) du groupe allemand Kraftwerk, pionnier de la musique électronique. La musique du futur est ici traduite visuellement par une sculpture artisanale, folk pourrait-on dire. Tout le travail de cette artiste fonctionne par rebonds et associations concentriques de récits, agissant en chercheuse dans le champ de l’histoire culturelle pour déclencher des analyses parallèles, des connexions méconnues et faire exploser les hiérarchies produites par la mémoire collective. Ici, la musique blanche des Kraftwerk, qui développaient eux-mêmes leurs instruments dans un laboratoire, est rapprochée (par des analogies et des jeux de traduction entre les mots «Tongebirge» et «Klingenberg») du développement de l’électricité en Allemagne avec l’ouverture en 1926 de la géante centrale électrique Klingenberg. Ce monstre, qui nourrissait Berlin et dévorait la vie de milliers d’ouvriers à la chaîne, a été inauguré l’année de la sortie du film Metropolis de Fritz Lang. L’œuvre de Bettina Samson est un millefeuille qui ressemble à la beauté complexe et rhizomatique de nos cerveaux. »
Pedro Morais
The wood sculpture running along the wall suggests both a sophisticated example of the stringed instrument maker ’s art and a synthesiser from times gone by. In it the viewer can see (or read), etched into tinned copper, a sonogram a visual depiction of the frequency and duration of a sound. Here, by the transposition of seconds into centimetres, the sonogram has been stretched to make the length of the sculpture match that of a piece of music. The musical work in question is one of Olivier Messiaen’s four Etudes de Rythmes, composed in 1949 and a decisive factor in the emergence of total serial music. Here musical modernity finds itself visually translated via folk sculpture. Among Messiaen’s pupils in 1949 was Joel Barr, an American electronics expert and spy on the run, who dreamed of becoming a composer. In 1950, with his name changed to Joseph Berg and his biography rewritten, Barr was exfiltrated against his will to Moscow, where he contributed to the creation of Zelenograd, the Soviet Silicon Valley. The drawing of the sonogram, etched into potentially conductive electronic plates, thus suggests the hypothesis of a hidden influence between the beginnings of total serial music and microelectronics. Via a process of concentric association the artist triggers parallel narratives within cultural history and reinforces little-known connections that seek to destabilise the hierarchies established by collective memory.
Text by Pedro Morais in Bettina Samson, Laps & Strates, edition Adera, Lyon, 2009.
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Interceptions Joël Barr alias Joseph Berg alias Metr / Messiaen 2008
Bois plaqué (noyer et chêne), plaques électroniques gravées et étamées, longueur 325 cm
Vues de l'exposition A Listening Room, ANNE+ Arts Projects, Ivry-sur-Seine, 2008
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