Till ROESKENS 

PLAN DE SITUATION #4 : NO MAN’S LAND
(et les vastes forêts se changeaient en des campagnes riantes)

Exposition au centre d’art Langage Plus, Alma, 2005

« …où il est question, entre autres, d’arpentage, de défrichage, de zonage, de propriété et d’expropriation, et plus généralement de notre prétention violente et fragile de maîtriser l’espace. Tout ceci via l’exemple facile de la colonisation des Amériques,et plus précisément de la jeune Histoire locale d’Alma. Question donc de ce qu’on fabrique et de ce qu’on exploite. Question aussi du progrès en marche, du développement présent et futur, tel qu’il se dessine sur les tables des promoteurs et des urbanistes.

… où on peut trouver concrètement :

– un plan cadastral de la ville sur le sol (on peut marcher dessus).

– une ligne d’écriture d’1 cm de haut sur 40 m de long, courant tout autour de la salle : la
description exhaustive des limites territoriales de la ville, à sa création en 1924, ex nihilo, par des financiers anglo-américains) telle qu’elle figure dans l’acte d’incorporation conservé aux archives municipales.

(Tentative singulière de traduire une carte en langage verbal : la volonté de précision totale qui préside à ce document légal de l’appropriation d’un espace, le rend en fait totalement flou, abstrait et poétique. L’espace échappe aux mots.)

– une série d’affiches reproduisant d’autres sortes de poèmes, à savoir, un extrait du Code Civil (section : de la propriété) et quatre extraits de
lois fédérales en vigueur (Arpenteurs, Arpentage, Indiens, Terres territoriales).

– quatre moniteurs disposés en croix, diffusant des voix qui nous parlent pendant que des visages immobiles nous regardent : descendants de
pionners et d’amérindiens, historiens et urbanistes… d’abord interviewés, ils ont ensuite été filmés en train d’écouter la lecture que je leur donnais du texte que j’avais tiré de nos entretiens. Leur voix donnant lecture de ce même texte a été montée sur ces images muettes. Les portraits alternent avec de longs travellings panoramiques silencieux, glissant des paysages urbains et industriels d’Alma aux grands espaces « sauvages » qui les entourent.

– une série de cinq
affiches de style documentaire, traitant du barrage hydro-électrique d’Alma (on l’appelle ici « Le Pouvoir ») et de la nouvelle aluminerie du groupe mondial Alcan. Une combinaison d’images et de textes dont il n’apparaît pas très clairement si elles constituent une célébration ou bien une critique de la puissance.

– une
citation du livre L’occupation du sol de l’historien Normand Séguin.

– et pour finir, un diaporama montrant toutes les rues inachevées autour de la ville, qui débouchent brusquement sur la forêt – limites provisoires de la civilisation, où son expansion future s’inscrit déjà comme en creux dans le paysage. »

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