Vues de l'exposition PanopticonXXXX, Centre d'art le Parvis, Tarbes, 2008
Photos : © Alain Alquier |
Vue d'installation, Château d'Avignon, 2006 |
Le parcours d’une entité individuelle dans une structure construite autour d’une forme en étoile, à la fois centre virtuel et tour de contrôle, dont le plan rejoint l’organisation de la prison idéale de Jérémy Bentham. Elle se trouvera finalement prise dans l’implacabilité du piège.
The course of an individual entity in a structure built around a star shape, at the same time virtual center and control tower, whose plan joined the organization of the ideal prison of Jérémy Bentham. It will be finally taken in the implacability of the trap. |
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Michel Foucault dans Surveiller et Punir (1975) et également Gilles Deleuze dans Post-scriptum sur les sociétés de contrôle (1991) puis à leur suite Toni Négri et Michael Hardt, dans Empire (2002), ont décrit la transition des “sociétés disciplinaires” en un nouveau type de pouvoir : la société de contrôle.
Celui-ci consiste en la « pleine et permanente individualisation d’une masse dont on peut surveiller et contrôler chaque individu », nommé comme une bio-politique du contrôle. Les mécanismes de coercition des sociétés disciplinaires servent maintenant à un pouvoir de contrôle devenu modulaire et modulable qui pénètre les interstices qu’avaient laissés vacants les espaces des lieux d’enfermements des sociétés disciplinaires. Le pouvoir de l’information défie les frontières traverse les murs, pénètre les consciences, transforme les individus en « dividuels »... Il n’y a plus de concentration des établissements du pouvoir mais un « essaimage » des mécanismes disciplinaires » aboutissant à une interpénétration souple des structures modulées et transformables et à leur pénétration par les instruments du contrôle. « Chacun se retrouve isolé : multitude efficace des monades atomisée ».
La géométrie de la tour de contrôle qu’avait décrite Michel Foucault, dans le texte de Surveiller et punir a disparu mais elle s’est muée en une multiplicité de centre virtuels, « plus légers et plus rapides » et qui participent à la vue panoptique subtile et sans faille de l’information : « la visibilité, la surveillance continue, instantanée de chacun ».
Dans cet univers, plus d’ordre ou de mots d’ordre mais un mode opératoire qui remplace l’homme dressé en « traces codées numérisée, chiffre, mots de passe qui en acceptent ou en rejettent l’accès ». Chacun est livré à lui-même, abandonné à la machine invisible et illimitée qui incite plus qu’elle ne contraint, qui pousse insidieusement les « dividuels » dans des couloirs et des conduits qui apparaissent ou s’escamotent selon les besoins instantanés et transformables du capitalisme dispersif.
En 1984, dans La crise de la géométrie, Peter Halley faisait déjà un état des lieux sur la mutation du projet formaliste de la géométrie moderniste et de sa discréditation en tant que forme pure transcendantale et détachée du signifiant. Il découvrait à la géométrie un nouveau signifié, en mettant l’accent sur son omniprésence dans la société contemporaine et son implication définitive dans le corpus social et culturel.
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Peter Halley dans sa démonstration, critiquait les minimalistes qu’il accusait d’avoir été inconscient de l’idéologie présente dans leurs œuvres et de l’ambiguïté produite qui aboutissait à une exaltation, ou pour le moins, à une complaisance envers les moyens de la société industrielle.
Toutes ces questions sont redevenues actuelles avec la résurgence d’un art géométrique et post-minimaliste qui est réapparu sur la scène artistique ces dernières années et qui fait valoir surtout des qualités de neutralité décorative, ou est compris comme tel, et se positionne plutôt dans une optique Pop vidée de la critique sociale à l’origine de ce mouvement. Ce n’est pas par hasard que je veux revenir à des réflexions qui ont déjà quelques décennies.
Dans ce cycle de travail, je veux faire valoir l’idée de la possibilité de transcrire par des formes plastiques abstraites et géométriques, une critique précise de l’espace de la société et des signes qui la composent. Car je considère que la géométrie et l’abstraction sont devenues les instruments et les termes d’un pouvoir qui servent autant à sa propagande qu’à son organisation. Comme Peter Halley, je pense que les artistes doivent faire acte d’auto-critique et doivent être les premiers à décrypter ces signes et à les révéler comme signifiants.
Dans Le cycle du PanopticonXXXX, je traite de la question politique de la réduction des corps à un espace instrumentalisé ou rien n’échappe à l’observation, où il n’y a pas de frein à la surveillance, où l’individu se trouve amoindri et isolé pris dans les rouages d’une machine complexe sans visage. L’individu évolue dans un monde instable, à la géométrie variable en construction et déconstruction continue, et, dans lequel son impression la plus forte est la perte de repère, d’orientation, d’individuation.
Quoi de neuf dans tout cela ? Je dirai simplement que la construction d’un monde déshumanisé s’accroit et se précise et qu’il est utile d’en décrire les mécanismes de façon aussi précise qu’imagée pour affiner notre conscience critique. Car le fait de l’ignorer ne fait que justifier ce projet de système de contrôle vertical du vivant, duquel nous sommes partie prenante.
Véronqiue Rizzo - 2008 |
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