Marc QUER 

Il y a chez Marc Quer toute la fragilité du devenir incertain. Toute la méfiance de trop donner et toute l'appréhension de recevoir. Dans l'attitude, "l'incontenance" et la révolte de ne pas savoir de quoi demain sera fait. Il y a peut-être ce sentiment trouble de s'être trompé de chemin, ou d'y avoir été déposé par hasard et d'essayer - comme certains poissons - de remonter les courants contraires pour féconder plus haut. Mais il y a aussi l'ironie de ces contradictions et Marc Quer nous entraîne certainement au-delà des inconnues et des dangers qui jonchent nos parcours. Il y a peut-être, la crainte que l'enfer ne se transforme en paradis et qu'ainsi les règles du jeu changent. Il y a ces maladresses d'affirmer qu'il n'y a pas d'autres solutions et tout cela sent la lutte. Une lutte pour exister, pour aimer. Il y a aussi la volonté farouche de reconstitution du monde dans la précarité inacceptable, l'obstination de venir de nulle part et déjà l'envie si forte et si mal exprimée d'être.
Nathalie Viot

La carte de tendre : Supplément dames 1997
Vues de l'exposition Amitiés et autres catastrophes, la carte du tendre, Le Crestet centre d'art, Vaison-la-Romaine, 1997

Né de mer dangereuse et de terres inconnues ; mon cœur maçonné.
Une baraque de chantier, de type roulotte, usée, posée perdue dans un parc. Celle-ci est meublée (armoire métallique, lit en mousse, pin-up dénudées aux paroies). Des vêtements de travail, casques, chaussures de sécurité.
La roulotte s'inscrit dans l'éphémère ; c'est un cube sur roues qui voyage comme un conteneur. Il évoque le travail, tout en parlant du déplacement. Déplacement accentué par le saugrenu de sa situation en pleine forêt. C'est un rappel simple de la ville ainsi que de la construction. Un abri en tôle ondulée sûr et précaire à la fois.
Je pense à la maison de Charlot dans La ruée vers l'or, celle qui penche inexorablement dans le vide. Charlot et Big Joe travaillent seuls au milieu d'une nature hostile dans l'espoir de trouver le bon filon (cf. l'amour).
Il me plait aussi d'imaginer les gens s'occuper de façon agréable par une belle journée d'été.


La carte de tendre : "Tous les jours, je me dis qu'il ne faut pas que je craque" 1997

Une ligne droite de soixante cinq pages de littérature générale collée aux murs d'un patio, à la hauteur des yeux. Des objets issus du quotidien viennent interférer la lecture. Ils deviennent ainsi, comme chaque élément inscrit dans le décor, écriture.
Un banc public ayant vécu vient, enfin, contempler l'espace.

 
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