Stéphane PROTIC 

Variatio#1 2014
Techniques mixtes, 300 x 300 x 300 cm
Résidence/Production Centre d’art du 3 bis f
Photographies J.C. Lett

Projet Variatio
Le travail de Stéphane Protic joue sur les volumes, les pleins, les vides, leurs intimes correspondances. Au cours de sa résidence de création (octobre-décembre 2014) au 3bisf, son travail s’oriente sur la notion de module architectural, avec l’élaboration d’une cellule à l’échelle 1 – dans la lignée d’Absalon, cellule prototype, espace mental, esthétique minimaliste, travail sur la matière comme dans les Architectones de Malevitch-. S’inscrivant dans le lieu qui l’accueille, Stéphane Protic reprend les dimensions de la cellule, sur le modèle de celles du 3bisf. La cellule, neuf mètres carrés au format standard (celui des prisons ou des chambres universitaires), est pensée comme la première formule de l’unité d’habitation. Interrogation première sur la notion d’habiter et être habité… Le creux et le plein apparaissent. Aux murs, esquisses préparatoires, plans déployés, deux dimensions pour en suggérer une troisième. Variatio, variation, plans noirs, volume blanc, immaculé… Stéphane Protic travaille sur le cube de la cellule comme un sculpteur, à l’intérieur et à l’extérieur. Le vide de l’un est le plein de l’autre, à l’instar d’un négatif et d’un positif. On comprend les formes externes de Monolithe, en regardant à l’intérieur de cette sculpture immaculée, baignée dans un « son blanc » composé par Trécy Afonso. On a l’impression d’écouter un coquillage. Si l’œuvre présente un lieu possible d’habitation, avec son agencement, son mobilier, elle se veut aussi éphémère, espace mental, tant par sa couleur que ses formes, l’espace ici n’est pas fonctionnel, y poser un pied le briserait ! L’essentiel c’est aussi, sourit S. Protic, l’envie de réinjecter corps et vie dans un espace déshumanisé, effacé par les formes en épure, la lumière, la dimension sonore et poétique : bruit blanc dans un espace blanc. Après ses œuvres aux imposantes dimensions qui moulaient l’espace de larges pans noirs, (un noir analysé comme celui de Pierre Soulages), Stéphane Protic poursuit sa recherche sur l’espace et son appréhension, « sa mémoire éphémère », en se grisant de blancheur.
MARYVONNE COLOMBANI
 
Variatio, étude 2014
Typographie 2014
Photographie J.C. Lett
 
Variatio, étude 2014
Graphite sur papier, 100 x 93 cm
Photographie J.C. Lett


Au sein d’un espace qui porte par traces son passé, Stéphane Protic oriente ses recherches, pour sa résidence de création au 3 bis f, autour de la notion de module architectural.
Pour cette exposition, l’artiste opère un déplacement de sa pratique. Il met à distance la facture académique de ses dessins, les effets de drapés de ses installations monumentales, le classicisme de l’architecture, pour se rapprocher des préceptes du rationalisme architectural des années 1920 et voir dans les vestiges d’anciennes cellules de contention, aujourd’hui espaces de monstration, des unités minimales d’habitation à l’échelle du corps humain.
Une construction entre sculpture, installation, design et architecture, occupe l’espace principal d’exposition. À l’instar des Cellules d’Absalon, elle se manifeste dans toute son immaculée blancheur, à l’intérieur comme à l’extérieur. De par sa facture et sa réalisation à l’échelle 1, elle ouvre un espace, potentiellement fonctionnel, entre spatialité réelle et imaginaire1. Praticable au même titre que les réalisations passées de l’artiste, elle agit pourtant comme un négatif de ces dernières tout en renouant avec les origines de sa pratique. Le polyéthylène noir cède la place à la blancheur du plâtre, le principe d’architecture d’urgence, de fortune, de Shigeru Ban à celui d’habitation de Le Corbusier.
L’ensemble d’oeuvres présentées dans l’exposition repose sur une certaine idée de travailler au corps le bâti, depuis l’esquisse à la main sur le papier jusqu’à l’édification ; depuis une conception architecturale jusqu’à une expérience sculpturale, minimale, et performative. Variatio interroge les relations étroites entre corps et habitat. Une notion d’habitat, qui, d’un point de vue architectural prend en compte les relations entre l’homme et son espace vital, en résonnance avec l’idée de positionnement spatial et social, tandis que lexicalement parlant, « habiter », dans sa forme passive, ouvre sur un état d’être.

1- Par leur qualité, les cellules sont plus des « espaces-mentaux » que des « espaces-physiques ». Comme des miroirs de mon intérieur, elles me seront familières. Absalon, extrait in Cellules, catalogue du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 1993

 
Typographie 2014
Panneaux de fibres à densité moyenne, 60 x 240 cm
Production Centre d’art du 3 bis f.
Photographie J.C. Lett
 
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