Flavie PINATEL 

Dans l'univers des images, est-ce possible de parler de «réel» quand toute représentation implique nécessairement un point de vue et une appropriation du visible?
L'une des approches du travail de Flavie Pinatel concerne la relecture des codes du portrait, un genre dont la longue tradition dans l'histoire de l'art est l'une des plus codifiées, vouée à la description. Cependant, celle-ci a toujours été problématique dans le champ de la représentation, investissant aussi bien des objets fictifs que la "physionomie des émotions" des impressionnistes. Chez Flavie Pinatel, il n' est évidemment pas question de mimesis ou de révélation de "l'être" : si portrait il y a, il s'agit de regarder les corps entendus comme des régions à la croisé du jeu, de l'abandon, de la disponibilité et de la contrainte sociale. Pas de "naturel" donc. Le statut documentaire de toute image - car même concernant le "réel" réinventé des studios de cinéma, un film est toujours le documentaire de sa "mise en images" - soulève une suspicion troublante dans les Portraits de Flavie Pinatel. Où est la mise en scène? Dans la façon dont chacun organise son décor quotidien, ses gestes, ses postures?
Le fait que ces corps exposent souvent leur peau, ne nous autorise pas la complaisance d'une lecture sociologique, et le regard cherche alors la "syntaxe des corps" dans ses micro-événements. Mais peut-être que le trouble le plus aigu et le plus indicernable dans ses images résulte de la complicité palpable entre la personne filmée et l'artiste, engageant les deux côtés de la caméra, et nous plaçant en plein millieu, là où l'intimité devient aussi la nôtre.

Pedro Morais texte du catalogue de l’exposition After party

Anonymes 2005
Installation vidéo

Six portraits, six projections en boucle simultanées ou les uns derrière les autres en monoprojection (18mn)

 
 
 
Anonymes 2005
Extraits
 
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