Nicolas PILARD 

Vues de l'exposition À l'heure du dessin, 3eme temps (avec Rémy Jacquier, Laurence Lagier, Katharina Schmidt, Pascal Navarro et Nicolas Daubanes), Château de Servières, Marseille, 2015
Photographies Pascal Navarro

Schématiser c'est réduire la représentation à l'essentiel, c'est pointer directement un principe. En utilisant un matériau visuel, plastique, c'est rendre compte de relations entre des idées, des espaces, des quantités, des formes… bref c'est utiliser la fonction du diagramme définie par Peirce, qui reste malgré tout une forme iconique, aux côtés de l'image et de la métaphore.
Par extension, Peirce affirme que le langage est fondamentalement de nature diagrammatique, la compréhension d'une phrase reposant sur la capacité d'un arrangement de mots à fonctionner en qualité d'icône. En fait, exprimer une idée serait finalement donner quelque chose à voir. Il y a des philosophes, des penseurs dont l’œuvre repose essentiellement sur une production verbale, qui ont assumé le caractère diagrammatique de leur système. C'est ce qui me frappe dans la pensée de Deleuze, c'est une pensée qui dessine, qui produit sans cesse des images. Par un tour de force, elle mêle des phénomènes concrets et des constructions conceptuelles, comme lorsque le baroque apparaît être le moment où la matière se plisse, de la même manière que se plisse l'âme. L'analogie noue les analyses plastiques de Wölfflin, la physique mathématique de Huyghens et la pensée de Leibniz dans une unité toute baignée de courbures, d'inflexions, de mouvements tourbillonnaires, d'élasticité contrainte par des forces compressives, de concavité, de turbulence, de fluidité… difficile de tenter d'assimiler cette pensée sans avoir l'esprit inondé d'images, et Deleuze pousse la logique jusqu'à dessiner la maison baroque, forme d'allégorie de son analyse, comme il dessine le diagramme de Foucault…
C'est ce type d'images, formant des esquisses d'architectures conceptuelles, une forme iconique particulière, qui m'a travaillé pendant la production des pièces de ce troisième temps de l'heure du dessin. J'aime envisager ces dessins dans l'espace, ces petites maquettes, comme des diagrammes de force, à la manière de D'Arcy Thompson, que la forme soit produite par un système, que du coup elle révèle, ou que se soient dégagées des relations spontanées entre des formes données.
 
Diagrammes d’animation hétérogène 2015
Fil de fer, grillage
 
Courbe d'immanence 2015
Fil de fer, métal
 
Diagrammes d’animation hétérogène 2015
Fil de fer, grillage
 
Diagrammes d’animation hétérogène 2015
Fil de fer, zinc, tôle, grillage
 
Diagrammes d’animation hétérogène 2015
Fil de fer, grillage
Vues de l'exposition À l'heure du dessin, 3eme temps, Château de Servières, Marseille, 2015
 
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