Clara PERREAUT 

L’habillage est un masque, une représentation, un détournement de la forme initiale ; il y a l’apparat (ce qui plait) et ce qu’on ne veut pas montrer (la pudeur, le drame). La pièce, Le complot s’articule sur une dualité, un face à face de ce qui se dit et ce qui ne se dit pas. Ce qui est évident et ce qui est caché. Derrière l’apparence, ressurgit le sournois, le stratagème, la tactique. Le complot s’attaque à son meilleur ennemi, souvent celui ou celle qu’on aime. Regardons ces deux fauteuils, ils sont bas, larges, avec des accoudoirs. On imagine l’assise confortable, les jambes dépliées, le dos relâché, les bras reposant sur les montants, les mains et les doigts lâches ; une forme d’apaisement, un moment de détente. Ils sont aussi côte à côte et nous incitent à imaginer un face à face, une troisième personne, une cérémonie (un mariage). Ce moment de plénitude est contrebalancé par les têtes de renards en opposition, elles sont identiques, mais elles s’affrontent, leur corps se diluent sur la structure du fauteuil, y compris les accoudoirs et crée l’ambiguïté du confort et du trophée (ce qui reste après la mort). Clara Perreaut met en scène la perversité et l’ambiguïté, le plaisir et le déplaisir. «Les questions suscitées par la notion du trophée, du sentiment face à la victoire et des signes de distinction avec un langage parfois caricatural, faussement naïf, souvent agressif, qui met le doigt sur des pratiques triviales ». Dans Rodéo, c’est l’absurdité de la virilité et de l’exploit qui est mis en lumière. L’homme peut maîtriser l’animal, mais les clous posés sur le sol signifient qu’il n’en sortira pas indemne. Le piège se referme sur celui qui le pose, c’est une fable de Lafontaine.
Karim Grandi Baupain

Le complot 2005
Fauteuils de conversation Louis XV, renards naturalisés fourrures, 250 x 90 cm

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