Clara PERREAUT 

Bull Riding 2005
Bidon d'huile, cordes, selle de cavalier 1914, clous cuir, au sol : clous soudés à l'argent 


(…) Réalisé en 2006, cet assemblage de bidon d’essence, de selle de cavalier, de corde, et de métal figure un rodéo mécanique, incarnation de la virilité toute puissante dominant la bête.
La machine immobile, dressée sur son piédestal - « explosante fixe » magistrale -, pour reprendre l’oxymore cher à André Breton, est le point de mire où convergent les regards. Elle invite presque ludiquement à s emparer du pouvoir qu’elle recèle, à s en approcher, à s’en saisir
Mais, à vouloir y voir de plus près, s’instaure entre le spectateur et l’oeuvre un petit théâtre de la cruauté, une relation ambiguë. Dans une approche presque jouissive, l’image de cet héroïsme viril est pervertie par des signes discrets qui brouillent la lecture et instaurent une relation ambivalente, une mise à distance prononcée.
Le sol qui entoure le socle est jonché de pointes triples acérées, comme autant d’aiguillons qui constituent une zone infranchissable, dangereuse et tentatrice : leur facture minutieuse de soudure à l’argent rompt étrangement avec l’étendard un peu trop flamboyant que nous renverrait cette excroissance virile en représentation : dans le Bull ; riding. Par cette érotisation du regard, les cordes enroulées, les aiguillons démultipliés, dans un registre fortement sexualisé font alors resurgir malicieusement la part de la bête sous le joug de la domination.
Sidonie-Cyrille Poncet-Leroy, juin 2006

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