Clara PERREAUT 

Cibles 2009
Acrylique et paillette, 53 x 73 cm
Vue d'exposition à la Galerie du tableau, Marseille

Qu'est-ce qui a tant pu fasciner les artistes qui se sont appropriés le motif de la cible pendant toute l'histoire de l'art du XXème siècle? Des Roto-reliefs de Marcel Duchamp aux disques solaires de Robert Delaunay, de l’Optophone de Francis Picabia aux Cercles polychromes de Julio Le Parc, en passant par les Targets de Jasper Johns, la cible a souvent été envisagée comme symbole radical de l'invention de la "perspective" en peinture. Archétype de « l’idéal de maîtrise perceptive » (1), la cible fixe le regard sur un point focal autour duquel tout s’organise.

Ce motif a, logiquement, attiré souvent sa mise à mal. Qu'il s'agisse des cibles floues d'Ugo Rondidone, de celles étirées de John Tremblay ou des cibles psychédéliques de Jim Lambie, de nombreux artistes contemporains ont cherché à brouiller toute certitude focale. Mais cette lignée de tireurs d'élite a été trop souvent masculine.

Clara Perreaut s'approprie le motif de la cible pour le corrompre, l'investissant d'un pouvoir de séduction contradictoire. Posées sur des toiles brutes, quelquefois salies, ces cibles resplendissent l’éclat des paillettes qui les dessinent. À mi-chemin de la rugosité d’un garage, avec des motifs parfois inachevés, et de la volupté glamour d’un bar d’hôtel, à mi-chemin aussi des genres, confondant des stéréotypes masculins et féminins. Cette indéfinition prolonge le statut ambigu de la cible en peinture, dont la pureté géométrique impose néanmoins l’évidence de ce qu’elle représente, à la fois abstraite et figurative.

Pedro Morais

(1) Selon Michel Gauthier dans "L’OEil moteur" catalogue de l’exposition au musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg en 2005.










Cibles 2009
Acrylique et paillette, 53 x 73 cm

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