Pascal NAVARRO 

Daphné dort dans le jardin est un ensemble de dessins installés présentés dans le cadre de l'exposition Entre les gens, exposition avec Caroline Pandelé et Gael Bonnefon à la Maison Salvan à Labège au printemps 2017. Commissariat: Paul de Sorbier.

Pascal Navarro propose deux projets inédits qui, chacun, mobilisent des dessins de la série des « néguentropiques ». Il s’autorise la liberté de les combiner, voire même de les superposer. Pour l'installation, qui accueille le spectateur dans la première salle, un vaste dessin mural enfouit une première image. Sur celle-ci, sont accrochées deux autres œuvres graphiques encadrées. Durant la période de l’exposition, l’ensemble se donne donc peu à peu à voir puisque c’est par leur exposition à la lumière que les dessins révèlent leurs motifs, finalement tout à fait figuratifs après avoir été des nuages de points monochromes.
Sur le mural, apparait la vue d’un bois (cher à l’artiste et appartenant à son récit familial) et sur le dessin encadré, situé à droite, se manifeste un visage de Daphné (figure mythologique témoignant d’une nymphe, qui se métamorphose en végétal, et prénom d’une personne à nouveau chère à l’artiste). Celui, placé sur la gauche, en revanche, ouvre une autre perspective et densifie le système poétique du projet. Intégré à la série des « Eden Lake », il figure le passage du temps, non pas selon un processus d’apparition, comme pour les premiers, mais en raison de sa réalisation, de la répétition du motif de la ligne. Il reçoit le même titre que l’installation – « Daphné dort dans le jardin » – et évoque le temps en suspens, le trouble… Puis, après avoir ouvert l’exposition, l’artiste la referme par un ultime dessin disposé dans la dernière salle. Il s’agit à nouveau de l’une de ses œuvres « néguentropiques », ici réalisée d’après « The lady of Shalott » : peinture romantique de John Waterhouse qui évoque la solitude et le deuil.
Le tout – une installation en deux séquences, ou encore un état émotionnel que l’artiste transmet au spectateur via son langage plastique –, fonctionne au travers de multiples relations poétiques et formelles, et convoque la mélancolie, l'écoulement du temps, la disparition d’un être choyé mais aussi peut-être l’apparition d’un nouveau. Pour le regardeur, il ne faut pas oublier, en quittant le lieu, d’avoir une pensée pour la portion de dessin mural cachée derrière le cadre qui enferme l’avènement de Daphné ! Là, le dessin ne peut pas avoir lieu et l'image demeure nuage (de points) : en quelque sorte, une île dans le temps au format portrait.

Paul de Sorbier. Extrait du texte du catalogue de l'exposition, 2017

 
 
Daphné #01 2017
Dessin néguentropique d’après Hubert von Horkemer, 1899
Tirage pigmentaire et feutre bic, 45 x 65 cm
Prise de vue juin 2017
 
Daphné dort dans le jardin 2017
Installation de dessins
Prise de vue : Y. Gozart le 05 mai 2017
 
Daphné dort dans le jardin 2017
Installation de dessins
Prise de vue : Y. Gozart le 06 juin 2017
 
The lady of Shalott 2017
Dessin néguentropique
Tirage pigmentaire et feutre bic sur photorag ultrasmooth 300g, 150 x 200 cm
 
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