La série Garages (With Becher) est constituée d’ un ensemble de photographies de jouets datant des années 70 à 2000. Elle renvoie aux photographies prises par les Becher à partir des années 50. Je reprends avec précision la majorité de leurs critères formels : série typologique en noir et blanc, frontalité, série de 9, 12 ou 15 images, mêmes encadrements. En remplaçant les architectures industrielles par des jouets d’enfants, l’histoire de la modernité – aussi bien architecturale que photographique – se mêle à l’histoire personnelle, et la prétendue objectivité des prises de vue frontales des Becher est ici infléchie et mise en tension avec la dimension affective et nostalgique des jouets.

Les objets qui intéressent Pascal Navarro participent de ce même Panthéon d’images partagées mais sans consistance. Les garages miniatures qu’il photographie ou s’en va repérer sur les routes de France, avant leur démolition, sont à l’exemple des stations services d’Ed Rusha ou des chevalets de forge de Bernd et Hilla Becher : des fantasmagories réelles, des fables historiques parvenues à leur terme. Ils font partie des images d’un monde perdu - le monde de l’enfance, celui des années modernes mais aussi d’une certaine définition substantielle de l’œuvre d’art - que la photographie ne prétend plus faire revenir ou sous une forme troublée, amoindrie, biaisée par la citation, comme si de l’autre côté de son apparition, dans un endroit devenu improbable, que nous ne savons plus localiser, il se tenait toujours.
Xavier Girard – Au jeu des apparitions – 2006, in L’enfance de l’art, CG13/ Silvana editoriale, 2010

La place que choisit Pascal Navarro dans la photographie est celle du syncrétisme. Il est tout aussi proche de la photo objective, voire conceptuelle, issue de l’école allemande (…) et celle d’une photo subjective, personnelle, poétique, dimension que l’artiste introduit par son sujet. (…) Que notre répertoire personnel d’images soit alimenté par le cinéma, la littérature ou la peinture, les œuvres de Pascal Navarro y puisent d’une façon ou d’une autre.
Céline Ghisléri – texte d’exposition à la galerie Aboukrat - 2010