Pascal NAVARRO 

Artiste ancré dans les problématiques liées à l'image et à la perception, Pascal Navarro aime à jouer des phénomènes d'apparition et de disparition qui anime ses ses dispositifs et implique le spectateur et dans son rapport à l'espace et au regard.
De loin, le sujet baigne ici dans l'obscurité. C'est en s'approchant que l'œil découvre la matière dévoilée de l'ombre. Des châteaux se détachent alors des fonds noirs et apparaissent sous les éclats d'une lumière presque lunaire, qui confère à ces jouets repeins une allure de contes de fées étrangement inquiétante.
Le jeu d'échelle apporte une dimension spectaculaire à ces miniatures, et nous renvoie au souvenir de l'enfance et de ses fantasmagories. Les spectres, les bois dormants ou, comme ici, les châteaux hantés habitent ainsi l'univers de l'artiste, comme des énigmes ou des réminiscences d'un monde perdu et désenchanté, oscillant chaque fois entre l'émerveillement et l'épouvante.
Marqué par la photographie objective allemande, Pascal Navarro use des techniques de prises de vues, de cadrages et de mises en scènes froides et systématiques, tout en réintégrant de l'affect à travers ses sujets à forte charge onirique.
La nostalgie et la fausse innocence de l'enfance sont alors des socles pour revenir à l'origine magique de l'image, celle qui surgit en place de l'invisible et nous console en même temps qu'elle nourrit nos angoisses enfouies.
Comme l'écrit Charles Floren " Pascal Navarro rêve son présent dans les retours ironiques du passé… ". Cette nouvelle série nous convierait peut-être à rejouer nous aussi les histoires terrées dans nos mémoires intimes, et en faire les vecteurs de notre irréel commun.
Leïla Quillacq, script de l’émission picot’art, 2010

 
Chateaux noirs 2010
Série de 7 photographies encadrées, 90 x 90 cm
 
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