Pascal NAVARRO 

Nous nous suivons de près
Extrait du texte de Leila Quillac pour l’exposition Nous nous suivons de près, fondation Vacances Bleues, Marseille, 2013.

Pour Pascal Navarro, c’est le temps de « l’après tout ». Ce qui arrive après quelque chose : l’enfance, la modernité…. Ancré dans des problématiques liées à l’image et à la perception, Pascal Navarro aime à jouer des phénomènes d’apparition et de disparition, usant de mises en scènes froides et systématiques, tout en réintégrant de l’affect à travers des sujets à forte charge onirique.
Autour des lacs, l’artiste raconte : « Eden Lake peut évoquer l’âge d’or, mais c’est aussi le titre d’un film d’horreur. (…) J’ai commencé cette série dans un temps de repos, chez ma mère. Elle est tombée malade et est morte deux mois après. Pendant cette période difficile, j’ai écrit. Certaines phrases sont devenues les titres de mes dessins. »
Les questions que je ne t’ai pas posées n’auront pas de réponse donne ainsi son titre au dessin présenté ici et réalisé à main levée selon un processus lent, provoquant des effets de dégradés à base de lignes. S’il n’y a à priori rien à voir, c’est « potentiellement une image », nous dit-il. Celle de l’eau comme l’évocation d’une perte, d’un vide ou d’un bruit blanc, ce son produit lors de l’effet « neige » sur un écran déréglé, ne recevant ni n’émettant plus rien. Une histoire pourtant s’y conte, un récit caché – tramé entre les lignes, au souvenir de ce qui passe, et n’est plus. Naissance même de l’image, c’est ici la trace d’une réminiscence aux contours lacunaires, car « l’eau seule est éternelle » (Yun Son-Do).
La nostalgie et la fausse innocence de l’enfance sont pour l’artiste prétexte à revenir à l’origine magique de l’image : celle qui surgit en place de l’invisible, et nous console – en même temps qu’elle ravive nos peurs enfouies.


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