Frédérique NALBANDIAN 

Montage à sec 2009
Savon, filet pare-gravats, linge, bitume, plâtre, feuille d'or, béton, crochets métal, 4,20 x 1,55 x 2,10 mètres
In situ, Château en chantier, Château du domaine d'Avignon, Les Saintes-Maries de la mer, commissariat Agnès Barruol, 2009

Montage à sec est une pièce in situ, réalisée dans un lavoir du château d'Avignon pour laquelle Frédérique Nalbandian travaille, sculpte, manipule et compose avec ses matières premières de prédilection, le plâtre et le savon. Ces substances sont ici associées à un ensemble d'objets et matériaux spécifiques au chantier : le filet pare-gravats, les seaux de maçons, le bitume...
L'installation est minimale, mise en scène recueillie et tendue de ce lieu abandonné, où le bruit du travail des lavandières a disparu. Un grand filet de chantier, tel un suaire, recouvre l'ensemble du lavoir et recrée par sa tension un volume minimaliste laissant transparaître la texture grise de la pierre. Dans le même temps, le filet évoque par sa couleur et sa matière transparente qui capte la lumière, les irisations de l'eau, aujourd'hui absente.
Au centre des deux bacs, posées ou plutôt « déposées » sur le filet, deux sculptures s'opposent, l’une en positif, l’autre en négatif. L'une, placée sur le bac de lavage, est noire, composée de grands linges que l'artiste a trempés et essorés dans du bitume. L'autre, au centre du bac de rinçage, immaculée et rehaussée d'or, est un moulage en plâtre d'une bassine qui garde en son centre l'empreinte d'un grand drap torsadé pour l'essorage.
Tout autour du lavoir, posé sur la pierre de lavage, un alignement de seaux renversés qui évoque de manière saisissante la présence humaine. Leur couleur crème est celle du savon qu'ils ont contenu, une substance qui ici résonne particulièrement. Le savon rappelle les gestes du travail, l'intime et le corps féminin, mais aussi les doctrines hygiénistes de cette fin du XIXe siècle qui ont prévalus à l'organisation de ces lieux.
L'installation de Frédérique Nalbandian offre au spectateur une grande scène sculptée, faite de strates et de fragments lentement déposés, puis construits et assemblés, sans fioriture ni embellissement, à sec.
Agnès Barruol

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