Décliné sous différentes formes - estrade, plate-forme, praticable, socle, fragment de sol - le plateau raconte aussi les murs imaginaires ou l’espace environnant. La maquette peut être perçue à la fois comme le fragment d’un tout et comme la réduction d’un espace. C'est à la fois sensible et ludique : le plateau comme le truchement d’une vision, un champ d’expérience, une surface d’échange. Où sommes-nous ? Comment le plateau peut-il devenir une scène qui soit source de sensations, de visions et d'apparitions ? Quel plateau pour quel corps ?

L’absence de figurine ne permet pas d’imaginer une échelle. Les plateaux sont donc conçus comme des partis pris d'espace qui ne peuvent s’envisager à l’échelle réelle qu’en s’adaptant avec le contexte et le lieu. Ainsi, certains ont été des modèles pour concevoir des installations ou des projets artistiques, telle une collection sur laquelle il est toujours possible de s’appuyer.


* La scénographie est une pratique artistique dont le théâtre constitue l'ancrage historique et fondateur. Cependant, dès le début du XXème, les interférences avec les arts plastiques ont permis le passage de la décoration théâtrale vers un travail sur le volume, l'espace mais aussi sur le visuel (scène plastique). Depuis plusieurs décennies, les professionnels du spectacle parlent de l'élargissement de la scénographie vers d'autres domaines comme l'art de l'exposition ou de l'installation, l'art des jardins, l'espace urbain, l'évènementiel, l'architecture intérieure...
De la même façon, le terme de plateau subit cette évolution. Depuis longtemps, il nous renvoie aux planchers du théâtre et donc à la scène. Mais le traitement du sol est devenu aussi un mode opératoire privilégié de la scénographie contemporaine. De plus, il n’est pas anodin de le retrouver mis en évidence dans le domaine des arts visuels : de Buren aux Plateaux des espaces d'exposition (Frac Provence Alpes-Côte d’Azur, Frac Île-de-France) par exemple.