Soit une zone de composition, un simple territoire de jeux. Deux fines mouches y accomplissent sans hâte quelques tâches déconcertantes : plier le plastique, disposer en rond les élastiques, ramper sous la bâche, mimer le corps de la poupée, accrocher au mur des couleurs, murmurer des douceurs dans le cône de carton, cligner des yeux sous la guirlande … Un rien minimal, des liens animaux. Car c’est l’anima qui souffle sur ce désert fragile, l’esprit de la pampa-fantaisie, le vent des paroles intimes et des sensations partagées.
Deux filles jouent leur semblance et leur disparité dans les sons extensibles du musicien : elles piochent à leur réserve de textes, d’accessoires, de mouvements, de légères obstinations personnelles. En douceur l’affaire avance, un univers se construit : farfelu, il a ses protocoles ; même impalpable, il demeure précis.
Il se peut que les sons fassent pencher les gestes.
Il est vrai qu’un fil court entre les donzelles.
Il est bon qu’on ne dise pas tout du Bal des lucioles.
Il convient de dédier ces danses foraines à ceux qui ont le coeur à l’ouest du Rio Grande !
Christine Rodès
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