Pascale MIJARES 

Cette ambiguïté dans la lecture de ses œuvres se prolonge dans Racolage, dont le titre est associé, dans l’usage juridique, à la prostitution (lorsque « actif ») ainsi qu’à une lecture plus équivoque de certaines stratégies de séduction (dans le cas « passif ») que le Syndicat des officiers de police peut identifier comme délit selon quatre critères (lieu, heure, tenue vestimentaire, attitude). Mijares semble interroger la définition de ces critères à travers une installation qui évoque un podium de défilé de mode, où sont abandonnées quelques paires de talons aiguilles. À l’image de la fonction du socle dans le contexte de l’art, ce dispositif peut autant signaler la marchandisation fétichiste des objets (les marques de couturiers gravées grossièrement sur les semelles) que le pouvoir féroce du désir et le caractère incontrôlable de la séduction dans la déstabilisation des règles du jeu social. Les talons aiguilles peuvent autant être associés à un jeu dans la redéfinition du corps qu’à une arme, en résonance avec les canifs subrepticement plantés sous les marches d’accès à cette plateforme théâtrale.

Extrait du texte Pedro Morais
Exposition D'un point à l'autre, Galerie des grands bains douches de la Plaine, Marseille




Racolage 2008
Structure en bois, cinq paires de chaussures à semelle gravée, quatre canifs, éclairage néon
160 x 850 x 98 cm
Réalisée avec l'allocation de recherche et de séjour du Cnap, 2007
Vues de l'exposition D'un point à l'autre, Galerie des grands bains douches de la Plaine, Marseille
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