André MÉRIAN 

Nevermind 2014-2016

Avec Nevermind, André Mérian amorce un nouveau cycle se saisi du réel. Bien que plongé dans un processus de capture objectif du monde, cet ensemble d’images amplifie le jeu trouble que tout regard entretient avec le processus d’identification à l’œuvre en photographie. Ce qui est là annonce une évidence. Il s’agit bien du monde tel que nous le voyons chaque jour. Mais ces images énoncent autre chose de plus essentiel, l’ordre caché presque invisible qui se noue entre les choses. Car Nevermind est avant tout un savant jeu de révélation, révélation des petits arrangements fortuits des choses, révélation aussi que notre univers n’est pas aussi continue que la raison aime à le penser, qu’il est au contraire maillé par tout un réseau discursif, qu’il est – en résumé – animé par des disjonctions diverses. Dans cette série d’images, André Mérian confronte deux modèles, l’un rationaliste propre à l’occident et particulièrement visible dans l’architecture abstraite des compositions de chaque image. L’autre, plus difficile à cerner, repose sur l’irruption fortuite de motifs « naturelles » , de motifs du merveilleux et de l’irrationnel. Que les hommes aient présidé à la création de ces arrangements tient de l’évidence, qu’un photographe ai réussi à les isoler tient lui du miracle.
Damien Sausset, critique d’art

Dans Nevermind, sa dernière série photographique, André Mérian pusse à bout la logique de ses travaux précédents. L’épure y est extrême, qui laisse suspendues au bord de l’abstraction les images, pour mieux rendre visible la nature liminaire du regard. Si les sujets des prises de vue (une traînée d’avion blanche fendant le bleu du ciel, une porte entrebâillée, un capot de voiture parsemé de pétales) semblent être hasardeux, trouvés inespérément lors d’une longue flânerie, leur agencement dans le cadre répond à un strict système d’organisation, dans lequel la lumière et ses modulations jouent un rôle prépondérant. Rigoureusement construites, réfléchies donc, les images viennent contredire en quelque sorte l’insouciance qu’évoque le tire de cette série.
Or, encore une fois, les sujets, les motifs qu’elles présentent ont l’air d’être un pur fruit du hasard. Au cœur ou dans les marges d’un espace urbain quelconque, ils ont frappé d’une manière inattendue l’œil du photographe, qui s’est laissé éblouir. C’est là, dans cette fidélité vis à vis de l’éblouissement, que l’art d’André Mérian éclate de toute sa lumière. Par la construction et le calcul, ses photographies parviennent à conserver la force de certains évènements sensibles.
Rafael Garido

 
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