C’était une espèce d’oasis 2018
Série de 18 photographies
Format « in situ » |
Ma réflexion photographique fait des va-et-vient entre l’histoire de la photographie et l’actualité sociale avec l’idée que l’histoire et les choses du monde se répètent.
Dans la série C’était une espère d’oasis, je les convoque autour du thème de l’itinérance.
Tout d’abord au travers de la référence au studio photographique itinérant, une pratique qui débuta à la fin du XIXème siècle où des photographes se déplaçaient de villes en villes, de pays en pays, dans les campagnes. S’ils ont aidé à démocratiser la photographie dans des régions qui n’y avaient pas encore accès, ces travailleurs itinérants n’avaient pas bonne réputation. Aujourd’hui avec la crise au Moyen-Orient, l’afflux de migrants dans nos pays mettent en lumière cette autre forme d’itinérance. J’ai donc créé un studio itinérant que je déplace dans un paysage de montagnes. Reprenant les traditions et les habitudes de studios de l’époque, le dispositif se compose d’un fond peint qui représente une plage de la Méditerranée, accroché sur un support en bois.
Reproduisant les studios itinérants de l’époque, je pouvais alors déplacer ce fond et l’installer où je le désirais pour le photographier au centre de mon cadre. Il était important pour moi d’intégrer dans ce travail la facette performative du studio itinérant.
Les montagnes sont pour moi originaire des Alpes Maritimes, symboliques de l’itinérance, les chaînes montagneuses ayant été souvent choisies comme ligne de partage entre deux pays, que ce soit les Alpes avec l’Italie ou les Pyrénées avec l’Espagne. Il faut les traverser pour passer la frontière. Elles sont un terrain de marche et la promesse d’une autre vie, une fois passé de l’autre côté. Le paysage peint de la plage revient au milieu de mon cadre comme un mirage, parfois venant prolonger le paysage réel autour.
L’absence de personnage dans l’image renforce alors l’universalité de ce choix du départ que des millions d’hommes et de femmes font depuis des siècles dans l’espoir d’une vie meilleure.
Ce travail a été réalisé dans le cadre de la résidence d’artistes Les charpentiers de la Corse, Association Utopia durant l’été 2018. |
Vues de l'exposition Acouphènes, Galerie du Musée de la Photographie Charles Nègre, Nice, 2019 |