Pierre MALPHETTES 

Pour son exposition au Tube de la Galerie Kamel Mennour, Pierre Malphettes met des morceaux de paysages dans une cave.
Il déstabilise les évidences, inverse les données : l’espace voûté en sous-sol devient une arrière-cour. Les murs sont peints en gris anthracite, le sol est recouvert d’une moquette noire. Translation formelle, l’enfermement est mu en obscurité figurée. Sur deux des murs sont accrochés deux néons blancs représentant des fenêtres : la fenêtre ne laisse plus passer la lumière, elle devient source. L’espace est alors retourné comme un gant : l’intérieur devient extérieur. Sur le sol de la première salle, des morceaux de tasseaux assemblés recomposent la souche d’un arbre. Juste à côté, Un Rocher en tôle fait écho à Une Souche. L’acier rejoue l’image de sa matière, le minerai. Dans la seconde salle, des claustras découpés figurent Un Tas de terre jeté contre le mur. Le décoratif évoque la plasticité de l’argile. L’objet manufacturé reconstruit son origine. La partie désigne son tout.
Dans ces sculptures, Pierre Malphettes joue au plus prés de la tautologie. Mais entre le signe et le signifiant, il ouvre de fins interstices qui permettent un dialogue minimaliste. Pierre Malphettes travaille, en deça de tout spectaculaire, la relation entre l’artefact et la nature. Faisant vaciller la frontière, il renvoie du coup l’artefact à sa naturalité, la nature à son artificialité. L’artiste installe dans le Tube l’atmosphère étrange d’une confusion des genres, des catégories, des hiérarchies au sein de laquelle les fragments de paysage se fait écho.
Léa Gauthier

Une Souche 2008
Bois, 55 x 80 x 90 cm

Un Rocher 2006
Acier, 97 x 82 x 72 cm

Un Tas de terre 2008
Claustras en terre cuite taillées, 58 x 98 x 165 cm

Une Fenêtre 2008
Néon blanc, 123 x 80 cm
Photographies Marc Domages
Courtesy l'artiste et Kamel Mennour, Paris
Retour