Pierre MALPHETTES 

L’exposition Sculptures terrestres et atmosphériques met en perspective et en résonance des pièces éloignées dans le temps, afin de susciter une confrontation, un dialogue — formel, conceptuel, sensible.
Sculpteur avant tout, Pierre Malphettes formalise des phénomènes et éléments naturels, en empruntant au monde industriel, dans une économie de moyens recherchée. De cette alliance souvent paradoxale naît une poétique ambivalente, physique, chargée de séduction et de tension. Pour autant, l’enjeu est moins de représenter que de chercher à comprendre un mécanisme en le reproduisant, d’infiltrer de l’impermanence et de l’intangible dans les certitudes ou, inversement, de rendre palpable, par la création d’une réalité perceptive et sensorielle, «l’épaisseur» et «la diversité» de cet espace entre nature et artifice.
L’intitulé de l’exposition, par l’étendue sémantique de ce qu’il désigne, annonce ce champ délibérément vaste d’exploration.
La première salle présente Un Nuage de verre formé de 15 feuilles de verre verticales et parallèles, mises en tension d’un pôle à l’autre, du sol au plafond, du ciel à la terre. À sa droite, Un Tas de sable — constitué de claustras en béton taillées et cimentées les uns aux autres — fait coexister deux états et deux temporalités différentes : «le produit manufacturé reconstruit son origine», comme l’écrit Léa Gauthier, en même temps qu’il lui restitue une liberté primordiale. Disséminé en plusieurs endroits sur les murs, un Brouillard prend la forme d’une multitude de points peints à la main suivant une trame précise, mais dont le dessin peut varier selon le lieu — le principe de l’œuvre étant de grandir, de s’étendre dans le temps et dans l’espace. Ici, il revient telle une ponctuation faire lien entre les pièces. Dans la salle suivante, Cloisonnement (2) invite les visiteurs à pénétrer une architecture d’air faite de parois de polyane translucide vibrant au souffle de ventilateurs. Le redécoupage de l’espace, jouant de la contrainte physique et du trouble visuel, en désoriente l’appréhension et en redéfinit la circulation. Plus loin, une série de Flaques d’eau en métal d’où émergent des pierres flottent à quelques centimètres du sol. Reposant sur deux blocs de béton, une longue poutre en acier voit sa logique de soutènement retournée par un évidement méticuleux qui annule l’utilité de sa fonction, et propose de nouvelles lois physiques : le fragile se substitue au solide, l’informe à la forme. Dans la dernière salle, Les Attracteurs étranges revisitent la théorie du chaos en un ballet hypnotique et faussement menaçant, orchestré par deux ventilateurs, devenus maîtres de l’ordre et de l’aléatoire.

Fabienne Clérin, communiqué de presse

Un Nuage de verre 2009
Verre, câbles, structure métallique, 405 x 165 cm (hauteur du nuage:114 cm)
Vues de l'exposition Sculptures terrestres et atmosphériques Frac Paca, Marseille

Un Tas de sable 2009
Claustra en béton taillé

Brouillard 2000-2009
Peinture murale, dimensions variables
Photographies Geoffroy Mathieu et Jean-Christophe Lett
Courtesy l'artiste et Galerie Kamel Mennour, Paris
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