L’un des cinq murs construits, à l’initiative des résidents de la zone pavillonnaire du Pas des Tours dans les quartiers nord de Marseille, afin d’empêcher les jeunes de la cité du Plan d’Aou d’emprunter ce passage pour se rendre au stade de football. Ces murs ont été construits, en parpaings, surmontés de barbelés, sur des voies publiques sans aucune autorisation officielle de construction, mais ont été tolérés par la Mairie. Au même moment et progressivement, les immeubles du Plan d’Aou étaient murés en attente de leur démolition. Photographie 1997
Démolition de la Tour V en 2005, dans le cadre des plans ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) située dans le quartier des Champs-Montants à Audincourt, où ma famille a vécu plus de 30 années. Photographie 2005
Mur : n. m. (v. 980) du latin murus désignant l’enceinte d’une ville (…) Il signifie aussi « mur de défense » d’où, au figuré, « défense, protection » (…) Mur est d’abord employé en parlant de l’ouvrage de fortification qui enclot une ville. 1
Dans le contexte de la zone pavillonnaire du Pas des Tours, les murs érigés sont des murs-enclos. La notion d’enclos analysée par Achille Mbembe est particulièrement éclairante dans cette situation et plus précisément l’aspiration à une « déclosion du monde ».
L’on pourrait résumer en un mot la visée philosophique de la décolonisation et du mouvement anticolonialiste qui la rendit possible : « la déclosion du monde ». Selon Jean-Luc Nancy, la déclosion « désigne l’ouverture d’un enclos, la levée d’une clôture ». 2
1- Le Robert – Dictionnaire historique de la langue française.
2- Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit – Déclosion du monde et montée en humanité, p. 68. Éditions La Découverte, Paris, mai 2013 |
Le pont de Saint-Antoine, 1997 |
"Ce que l’on veut démolir, de façon aussi spectaculaire, ce que l’on ne veut plus voir, ne serait-ce pas davantage le contenu que le contenant ?" 1
Le pont de Saint-Antoine à Marseille est un projet (non retenu) conçu avec Martine Derain en 1997. Il s’inscrit alors dans le cadre de la requalification du pont de Saint-Antoine et l’aménagement plastique de ses abords, opération prévue dans le programme d’intervention en faveur des commerces de proximité du secteur GPU (Grand Projet Urbain). Une commande publique initiée par la Ville de Marseille et la SNCF. Le quartier de Saint-Antoine est situé dans les quartiers nord de Marseille. Il est composé de trois territoires peu reliés : l’ancien centre historique, le noyau villageois et la cité du Plan d’Aou datant de 1970 – enclavée sur les hauteurs de Saint-Antoine. L’ensemble des immeubles de cette cité étaient à ce moment-là voué à une démolition. Le pont à bardage métallique qui enjambe la route nationale de Saint-Antoine a été construit en 1942 pour remplacer un passage à niveau.
Alors que la symbolique du pont renvoie à ce qui relie, notre regard s’est porté sur ces murs qui séparent.
Notre proposition articulait 2 gestes ; d’une part récupérer (avant la démolition) et fixer l’une des portes d’appartement de la cité du Plan d’Aou avec son cadre sur l’un des cinq murs du Pas des Tours (côté Plan d’Aou). D’autre part, collecter puis inscrire, dans l’espace résiduel situé sous le pont du côté de la culée Chemin des Tuileries, des archives non-essentielles - relatives à la question de la démolition des grands-ensembles en France - rassemblées dans un cube en béton, scellé. Une plaque était prévue afin d’informer sur le contenu et la possibilité d’en consulter une copie envisagée en dépôt à la médiathèque de Saint-Antoine.
1- Alain Fourest - Ensemble refaire la ville : une solution ? la démolition ? Texte DSU (Développement Social Urbain), réunion du 22 septembre 1987 |
Série de 5 photographies aériennes – montées à rebours – correspondant à 5 moments dans la construction du quartier des Champs-Montants (1966-1974) à Audincourt.
© NÉOLIA (ex-SAFC) |
Effacement(s) novembre 2005
Dessin, avec ma sœur Habiba nous avons essayé de nous souvenir des prénoms et des noms de celles et ceux qui ont vécu dans la tour. |