La Banshee, créature mythologique celte, peut revêtir plusieurs apparences. On peut la rencontrer sous la forme d’une belle jeune fille vêtue d’une robe verte au visage dévoré par les pleurs. Lorsqu’une Banshee émet son horrible cri, celui qui l’entend sait que quelqu’un est mort, ou s’apprête à mourir. Il arrive parfois que des Banshees se réunissent pour hurler à l’unisson, annonçant le décès d’une personne importante.
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Selon la légende, la naissance de l’hystérie chez les fans, et plus particulièrement chez les jeunes filles, peut assez précisément être datée du début des années 40. Il s’agirait de l’invention du manager du jeune Frank Sinatra. Celui-ci aurait payé des jeunes filles pour qu’elles se mêlent anonymement à la foule des spectatrices et, qu’à la vue du chanteur, elles hurlent, pleurent et s’évanouissent. Par mimétisme, les autres filles étaient censées, peu à peu, faire de même. Le stratagème fonctionna au-delà de toutes espérances. En une manière d’empathie fulgurante, des nuées de fans hystériques se bousculèrent à chaque apparition publique de Sinatra, le portant aux sommets des charts et redéfinissant ainsi une nouvelle « géométrie de l’innocence » (Bob Dylan in Tombstone Blues, 1965).
L’utilisation commerciale de l’hystérie est contemporaine à une autre invention, technique celle-la, sans laquelle elle aurait été inutile : l’amplification électrique des représentations publiques. En effet, avant cette époque, seule la puissance de la voix et la configuration acoustique de la salle définissait l’étendue de l’auditoire, et si le public hurlait, on n’entendait plus l’interprète. Avec cette nouvelle prothèse vocale, Sinatra pouvait susurrer dans le micro des mots doux pour chaque fille épleurée de l’assistance. Pour quelques années, interprètes, public et producteurs, tous trouvèrent leur intérêt dans ce nouvel équilibre de diffusion. Ce n’est que vingt ans plus tard que les Beatles firent les frais de la torsion du pacte tacite entre hystérie et amplification. Au Shea Stadium, l’intensité des cris des jeunes filles atteignant son climax, l’impossibilité de leur sono à couvrir les hurlements devint manifeste. Cette expérience malheureuse les décida à définitivement arrêter les performances publiques et ce, jusqu’à l’annonce de leur séparation. Ceci est une version courte de l’Histoire - ou de la légende - bien sûr.
Dans le projet Banshees, des images de fans anonymes, extraites de divers concerts datant du supposé « âge d’or » de la pop musique, prennent, sur les affiches, la place des vedettes qu’elles admirent et semblent annoncer, par leurs cris, la fin d’une époque insouciante. Ces portraits mystérieux d’inconnues ne comportant aucun élément de texte car sans objet à promouvoir, ont été placardées, en mai et juin 2008, dans les rues de Paris et dans la Grande Halle de la Villette à l’occasion du festival Villette Sonique. La dissémination dans l’espace urbain par l’affichage sauvage rejoue la stratégie de contamination orchestrée à l’origine du phénomène. A.M.
The Banshee, a Celtic mythological creature, appears in different guises. We can meet it in the shape of a beautiful young girl wearing a green dress and her face devoured by tears. When a Banshee utters its horrible cry, whoever hears it knows that someone is dead, or is about to die. Sometimes Banshees get together to cry at the same time, announcing the death of an important person.
In Wikipedia
According to the legend, the beginning of hysteria among fans, and particularly among young girls, can be dated fairly precisely in the early 40s. One says that it was invented by young Frank Sinatra’s manager. Allegedly he paid young girls to mingle anonymously with the crowd and to yell, cry and faint at the sight of the singer. The other girls were supposed to do the same through unconscious imitation. The stratagem far exceeded his hopes. In a sort of dazzling empathy, swarms of hysterical fans collided at each of Sinatra’s public appearances, making him rise to the top of the charts and thus redefining a new “geometry of innocence” (Bob Dylan in Tombstone Blues, 1965).
The commercial use of hysteria appears simultaneously with another invention, a technical one, without which hysteria would have been useless: the electric amplification of public shows. Indeed, before this time the size of the audience was defined only by the strength of the voice and by the acoustic configuration of the hall, and if the audience started to yell, one could no longer hear the performer. With this new vocal prosthesis, Sinatra was able to whisper sweet things in the microphone for each and every tearful girl in the audience. For several years, performers, audience and producers all found a common interest in this new broadcasting balance. It was only twenty years later that the Beatles had to pay the price for twisting the tacit agreement between hysteria and amplification. At the Shea Stadium, the intensity of the young girls’ screams reaching a climax, it became obvious that the sound system could not cover their voices. This unhappy experience led them to permanently interrupt their public performances, and this until they announced that they were separating. Of course this is a short version of History – or of the legend.
In the Banshees project, images of anonymous fans taken during various concerts of the so called “golden age” of pop music, replace the images of the stars they admired on the posters, and their shouts seem to herald the end of a carefree era. These mysterious portraits of unknown women, without any kind of text because there is nothing to promote, were posted in May and June 2008 in the streets of Paris and at the Grande Halle de la Villette for the Villette Sonic festival. Their scattering in the urban landscape replayed the contamination strategy originally orchestrated when the phenomenon began.
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