La culture populaire n’est le produit de ce que nous sommes qu’en ce qu’elle est le produit des mensonges, des prétentions, et des contre-vérités qui nous définissent, et derrière lesquels nous nous cachons pour finir souvent par perdre cette petite vérité que nous fuyons.
Sa signification, pour autant qu’elle en ait une, est essentiellement pathologique.
Nick Toshes in Blackface (2003)
Prologue : on nous cache tout, on nous dit rien (je n’y crois guère). Des choses se trament dans notre dos, ou pire, face à nous, mais derrière le rideau (c’est possible). À l’abri du regard de ceux qui ne possèdent pas le bon sésame, il s’en passe de belles (c’est certain). Disons-le clairement, c’est la grande partouze, la décadence du all access ! Times they are a- changin’, on vous le répète.
Le retrait des eaux boueuses où nageaient Andy et ses Superstars a laissé apparente l’entrée du souterrain de velours que l’on chérissait tant. Plus d’un s’y est engouffré sans préliminaire… Malheureusement, dans la bonde de l’aspiration warholienne, est restée coincée une touffe de poils argentés qui, fatalement, a créé un bouchon. L’accès vers la lumière se contracte. Mouvement de foule, il faut jouer des coudes. Quel manque d’élégance ! Progressivement, les choses se tassent et la stase suit la chienlit. Embouteillage. Chacun attend son proverbial quart d’heure de gloire backstage, serré à la queue-leu-leu se demandant « Pourquoi pas moi ? ». Au suivant, au suivant… Tous papotent pour tuer le temps, ce temps qui n’arrête plus de changer. Au suivant, au suivant… On compare les coefficients de pénétration des divers accessoires disponibles. Au suivant, au suivant… On s’échange des cartes de visite en n’y croyant guère, aux visites. Au suivant, au suivant… Je m’ennuie, on s’ennuie, tout le monde s’ennuie… Devant, derrière, on s’ennuie (les limites de la versatilité sans doute). Au suivant, au suivant… Dans le freak show global où tout le monde est finalement si normal, on en fait des tonnes sans trop y croire. Au suivant, au suivant… La bête est gourmande, elle réclame un flux tendu. Au suivant, au suivant…
Épilogue : on souhaite toujours ne plus « assister au spectacle de la fin du monde mais à la fin du monde du spectacle », bien sûr. Mais on aimerait juste regarder derrière le rideau, si c’est possible, avant que ça ne se produise. On n’a rien renié, bien sûr, mais si on pouvait attendre encore un petit quart d’heure avant de déclencher la prochaine révolution, franchement, ça nous arrangerait. C’est presque notre tour.
A.M.
Popular culture is the product of what we are, inasmuch as it is the product of the lies, pretensions, and counter-truths that define us, and behind which we hide, so that in the end we often loose this small bit of truth we are running away from.
Its meaning, if it has one, is essentially pathological.[1]
Nick Toshes in Where Dead Voices Gather (2003)
Prologue: they hide everything from us, they don’t tell us anything (I don’t really believe that). Things are being plotted behind our back, or worse, in front of us, but behind the curtain (perhaps). Out of the sight of those who do not have the right passcode, nasty things are going on (for sure). Let’s be clear, it’s a big orgy, the decadence of the all access! Times they are a-changin’, we’re telling you.
The lowering of the muddy waters where Andy and his Superstars used to swim revealed the entrance to the velvet underground that we cherished so much. More than one person has dived in without warning… Unfortunately, in the plug hole of Warholian sucking up, a tuft of silver hair got stuck and fatally created an obstruction. Access to the light gets reduced. The crowd panics, people resort to elbow play. What a lack of elegance! Gradually things improve and stasis succeeds to havoc. Traffic jam. Backstage everyone awaits their proverbial moment of fame, pressed in a queue wondering “Why not me?”
Next, next… They all chat to kill time, a forever changing time. Next, next… People compare the penetration ratio of various available props. Next, next… People exchange visiting cards without really expecting visits. Next, next… I’m bored, people are bored, everyone is bored… In front, in back, people are bored (here are probably the limits of versatility). Next, next… In the global freak show where in the end everyone is so normal, people overdo it without really believing in it. Next, next… The monster is hungry, it clamours for a just-in-time method. Next, next…
Epilogue: of course we are always hoping that we will no longer “see the show of the end of the world, but that we will see the end of the world of show business”. But we would like to take a peak behind the curtain before it happens, if possible. We haven’t disowned anything, naturally, but if we could wait another fifteen minutes before starting the next revolution, frankly, we would appreciate it. It’s almost our turn. A.M.
[1] Translator’s note: the original quotation by Nick Toshes being unavailable, these lines are translated from the French version in Maguet’s text. |