It’s gonna make you forget
Forget everything
It’s the last nail
In rock’n’roll coffin
extrait des paroles de Disco Rising (LDRR#024)
Hellfire. C’est dans cet ouvrage relatant la vie agitée de Jerry Lee Lewis que Nick Toshes évoque, à travers l’expérience du jeune Killer, l’importance du rôle joué par les juke joints dans l’histoire du rock’n’roll. Hellfire. C’est aussi le brasier qui souvent dévorait ces bars clandestins si l’autorité blanche le décidait.
Quand cela ne se produisait pas, l’adolescent, parfois la nuit, guidé par le son des douze accords, allait à travers champs. Il savait qu’il n’était pas le bienvenu (rien de personnel) et, une fois rendu, n’y pénétrait pas. Dehors, adossé à un des murs de planches disjointes, il écoutait le blues - la musique des Noirs et du diable. Là, dans cet espace de ségrégation inversée, les traditions, ces choses molles et perméables, sans doute se sont sédimentées d’une façon nouvelle et imprévue. Par ces manières de rencontres interlopes (réelles ou fantasmées), la country, le gospel, le blues, le jazz et nombre d’autres mélopées vernaculaires se sont coagulées en cette entité incohérente et protéiforme qui, depuis plus de cinquante ans, modèle partiellement la forme des cultures populaires : le rock.
Quand cela se produisait, la fête était annulée, forcément. L’établissement clandestin flambait, se calcinait et disparaissait, long fade out dans la nuit américaine et fin momentanée de l’histoire.
Présentement la chose reste figée dans une stase intermédiaire. Poursuivie par les chiens de l’Enfer, elle n’a été que superficiellement léchée et tient encore debout. Trajectoire phénix du destin, la structure fantôme, des lustres plus tard, semble pour une courte période réactivée. Le bouge réouvre le temps d’une foire et résonne de nouveau des mélodies qui firent sa gloire - et de celles qui, l’Histoire aidant, en ont transpirées. Notons que pour se réhydrater, on y sert, comme dans toutes les maisons sérieuses, de la bière à la pression.
A.M.
Hellfire. In this book which relates the agitated life of Jerry Lee Lewis, Nick Toshes evokes, through the young Killer’s experience, the important role that juke joints played in the history of rock’n’roll. Hellfire. It was also the word for the furnace that often burned down these clandestine bars if white authorities decided to do so.
When the furnace did not happen, the teenager walked through the fields, sometimes at night, guided by the sound of the twelve chords. He knew he wasn’t welcome (nothing personal), and once he had arrived he did not go in. Leaning outside against a disjointed wooden wall, he listened to the blues – the music of the Blacks and of the devil. In this space of reverse segregation, traditions –soft and permeable things - probably deposited in a new and unexpected way. Through these shady meetings (whether real or fantasised), country music, gospel, blues, jazz and many other sad vernacular chants coagulated into an incoherent and protean entity that has been partially defining the shape of pop culture for the last fifty years: rock music.
When on the contrary the furnace did happen, the party was cancelled, obviously. The underground venue blazed, burned to ashes and disappeared, a long fade out into the American night, and a temporary ending of the story.
Presently it all remains frozen into an intermediary stasis. Hunted down by the Hellhounds, it was only superficially licked and is still standing. A phoenix path of fate, the ghost construction, ages later, seems reactivated for a short time. The dive reopens for the duration of a fair, and the tunes that made its glory resound again – as do the tunes that have transpired with the help of History. Notice that they serve draft beer to quench your thirst, like any other serious place. A.M. |