L'enfer qualifie traditionnellement le département secret d'une bibliothèque où l'on garde les livres licencieux, interdits au public. Le terme vaux aussi pour les cabinets d'amateurs et sa présence, en un lieu aussi empreint d'obsession érotique que celui-ci, était indispensable. La référence, se sera à nouveau Rodin, que Paul Claudel qualifiait de "priapatriarche" [1], tandis que Philippe Sollers et Alain Kirili virent dans ses "bacchanales de papier" un questionnement sur la nature de la liberté dans l'expérience humaine [2]. En tout cas, il y a sans doute, dans cette exubérance que Jean-Philippe Roubaud reprend à son compte, dans ce qui est ici donné par la peinture "en pâture à l'oeil", quelque chose du "Tu veux regarder ? Et bien vois donc ça !" que pointe Jacques Lacan [3].
L'on retrouve à présent les phylactères dégoulinants et l'on découvre les sexes ailés virevoltants, la peinture ouvrant l'exposition s'en trouvant enfin éclairée.
Evelyne Toussaint
[1] Claudie Judrin, conservateur en chef au Musée Rodin. Aquarelles et dessins érotiques. Rodin. Bibliothèque de l'Image, 1996
[2] Ruth Butler. Rodin, la solitude du génie. Gallimard / Musée Rodin
[3] Jacques Lacan. Le séminaire. Livre XI. Les quatre concept fondamentaux de la psychanalyse. Paris : Seuil, 1973. p. 93
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