Lina Jabbour conçoit ses expositions selon une organisation très précise alliant sculpture, dessins et peinture murale. À la Chapelle des Pénitents de Lurs, elle a travaillé sur la vision panoramique que l’on a de la salle, dès l’entrée, ainsi que sur la perception de son volume. Cette installation spécifique transforme l’espace et le questionne, elle décadre le paysage et en propose une nouvelle vision plus déstabilisante. Jouant sur la profondeur de champ, l’artiste aménage un dispositif qui dialogue avec l’espace et le temps et où, passé, présent et futur forment un tout. Le blanc et le noir, l’ombre et la lumière accentuent les métamorphoses des formes et les altérations perceptives.
Au centre de la Chapelle, un étrange élément, à la fois architecture inachevée et figure géométrique tient le rôle central de l’exposition, tandis que la peinture murale engendre de nouveaux volumes qui modifient les perspectives du lieu, perturbent les sens et produisent des effets d’optique. Les dessins jettent les bases de ces contrastes, ils troublent l’ordre des choses créant des ouvertures fictives et poétiques vers des univers oniriques. L’espace devient instable, il est sans cesse transformé par les éléments qui entrent dans le cadre au fil des déambulations.
Le parcours entre les œuvres évoque le rapport entre architecture et nature tout en prenant en compte la présence du lieu, la singularité de son architecture et de sa lumière. Au delà de la contemplation, cette installation incite à la réflexion. Le visiteur peut regarder depuis l’extérieur en choisissant de rester aux limites ou choisir de s’immerger dans ce réseau de formes et de traits qui configurent une sorte de cosmogonie abstraite.

France Paringaux