Michel HOUSSIN 

Quand on passe sa vie à observer des visages on finit par observer le sien dans un miroir. Le difficile exercice de l'autoportrait présente au moins deux avantages. D'abord le dessinateur et son modèle sont toujours disponibles en même temps, ensuite, et surtout, l'autoportraitiste peut se permettre tous les coups, se traiter et se maltraiter à loisir sans risque d'engueulade. Donc, avant de m'attaquer aux visages des autres, j'expérimente à partir de ma propre tête. Il y a eu par exemple un autoportrait au sang humain, le mien, puis d'autres, dessinés sur des papiers bizarres avec des associations d'outils et de techniques qui m'étaient jusqu'à présent étrangers. Pendant la réalisation de cette série, j'ai lu les lettres de Rilke sur Cézanne. Dans une lettre du 23 octobre 1907, il (Rilke) écrit qu'il (Cézanne) s'est représenté lui-même avec une humble objectivité, avec la foi et la curiosité impartiale d'un chien qui se voit dans une glace et se dit Tiens, un autre chien. Le titre pour la série s'imposait : Mes chiens. Michel Houssin, in L’Évidence, novembre 1996

When one spends one’s life observing faces, one ends up observing one’s own in the mirror. The difficult exercise of self-portraiture presents at least two advantages. First, the artist and his model are both available at the same time. Second, and above all, the self-portraitist can do whatever he wants, treat and mistreat himself at will without risking a fight. Therefore, before I take on other people’s faces, I experiment using my own head. There was for example, a self-portrait using human blood -my own, and then others’- drawn on bizarre paper with useful and technical associations previously unknown to me. While working on this series, I read Rilke’s letters on Cezanne. In a letter from October 23rd 1907, he (Rilke) writes that he (Cezanne) represented himself with a humble objectivity, with the faith and impartial curiosity of a dog that sees itself in a mirror and says “Look, another dog”. The title of the series thus seemed obvious to me: My dogs.
Michel Houssin, in L’Évidence, November 1996

Mes chiens 1996
Mine de plomb sur papier, 75 x 64 cm
Photographie Michel Houssin

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