Michel HOUSSIN 

Nues 1988-89
Vue de l'exposition Nues, Villa Arson, Nice, 1989
Photographie Jean Brasille

 
 

La jeune femme, immobile, regarde attentivement un tableau.
Le tableau représente la jeune femme debout, grandeur réelle (le peintre, avant de se mettre au travail, a scrupuleusement mesuré son modèle : un mètre soixante trois centimètres et demi). Le tableau est composé d'un châssis de cent quatre-vingts centimètres par quatre-vingt dix centimètres : un double carré, sur lequel est tendue une toile recouverte de pigments colorés. Le tout est encadré par une baguette de bois blanc discrètement cérusé.
La femme du tableau est figée, arrêtée, atteinte de jeunesse éternelle. C'est une image. La femme vivante va se mouvoir, parler, sourire... Elle va vieillir... Elle va aimer... Et peut-être avoir un enfant.
Le châssis, la toile, les pigments, le cadre existent véritablement, donc le tableau est réel. Mais n'est pas réel que ce qui est tangible. La peur, la joie, la faim peuvent être réelles. L'immobilité aussi. Et déjà la femme modèle est partie. La femme peinte, elle, est réellement immobile. Mais elle ne trompe notre œil, qui n'est pas si bête, qu'un instant. On ne fait pas un enfant avec une femme peinte. Michel Houssin, in L’Évidence n°1, été 1993 (en réponse à la question C’est quoi le réel ?)

Immobile, the young woman looks attentively at a painting.
The painting represents the young woman upright, lifesize (before setting to work, the painter carefully measured his model: one hundred sixty-three and a half centimeters). The work is made up of a stretcher frame measuring one hundred eighty centimeters by 90 centimeters: a double square, on which is stretched a canvas covered with colored pigments. The whole is framed with a baguette of discreetly stained clear wood .
The woman in the work is frozen, struck by eternal youth. It’s a picture. The living woman will move, talk, smile...she will age...she will love...and maybe bear a child.
The stretcher frame, canvas, pigments, and frame truly exist, so the work is real. But, the real is not limited exclusively to what is tangible. Fear, joy, and hunger can also be real. Immobility as well. The woman modeling has already left. The painted woman is truly immobile. She tricks our eye, which isn’t that dumb, for only an instant.
You can’t make a baby with a a painted woman.
Michel Houssin, in L’Évidence n°1, summer 1993 (in answer to the question “What is the real” ?)

 
Nues 1988-89
Mine de plomb sur papier, 175 x 72 cm
Photographie Jean Brasille

 

         
Nues 2004-2005
Mine de plomb sur papier, 175 x 72 cm chacun
Photographies Jean-Luc Maby

Pour voir des détails cliquer sur les images

Retour