À Certains voient en Olivier Grossetête un « joyeux plaisantin », ceux qui ont assisté devant l'hôtel des impôts de Valence à l'installation d'énormes sacs plastiques remplis de 6000 feuillets manuscrits où l'on pouvait lire : C'est du travail… D'autres encore un hurluberlu à la dent dure qui s'amuse à fabriquer des collages de procès verbaux sur cellulose, Vole libre, basculant de la sorte des éléments du réel en une fiction grinçante. Décidément, Olivier Grossetête a l'art de « se confronter à la loi de manière poétique avec une certaine fausse naïveté ». Enfin, il y a tous ceux qui se plaisent à voir en lui un jeune cinéaste talentueux, aux images sobres, poétiques et un tantinet surannées. Le compliment le ferait très certainement rougir : il y a du Tati dans son Bateau ivre, sculpture monumentale en papier (comme celles qui jonchaient le sol de nos vielles écoles) devenue vidéo-fiction de 16 minutes pour le plus grand bonheur des spectateurs. Dans cette histoire au parfum d'enfance, rien ne l'intéresse plus que de renverser l'échelle entre le bateau de papier, le paysage et l'homme. Rien n'accroche plus son regard que toutes ces petites accumulations d'accidents anodins, comme s'il s'agissait pour lui d'immortaliser sur la pellicule les soubresauts du réel face aux intrusions de la fiction. Et il s'en donne à coeur joie, se réappropriant au passage diverses références cinématographiques empruntées à « La nuit du chasseur », « Aguire ou la colère de Dieu », « Délivrance » ou encore « African queen ». Bref, Olivier Grossetête a décidé de faire éclore le rêve là ou on ne l'attend pas, laissant dans son sillage une constellation d'histoires. Marie Godfrin-Guidicelli, in catalogue de la sélection Marseillaise de la 11ème Biennale des Jeunes créateurs d'Europe et de la Méditerranée |