Gerlinde FROMMHERZ 

Un paysage en train de se construire

Marseille est une ville qui me fascinait depuis le début par sa diversité et ses contrastes. Comme sa population se compose et se recompose de communautés et d’individus d’origines différentes, son apparence architecturale également est multiple. Des vieux quartiers, des cités, des terrains vagues, des fragments d’anciens villages avoisinés d’agglomérations industrielles, des résidences bourgeoises avec des grands jardins, tout ça forme un amalgame qui est en permanente transformation. Avec mes dessins je construis des sculptures et des espaces imaginaires, je conçois des éléments architecturaux, des morceaux de ville. Dispersés sur le plan du mur, ils forment un paysage. Les différents éléments sont dessinés de points de vue divergents en axonométrie. Cela permet au spectateur de promener son regard, de bouger dans un réseau de points de référence toujours changeant sans être fixé sur un centre. Les matériaux et les objets à partir desquels les sculptures imaginaires sont construites sont empruntés des milieux de la construction et de la vie quotidienne urbaine. Les espaces qui s’en élèvent forment un réseau d’éléments bien conçus mais convertibles, un ensemble potentiellement interminable. D’une part ils renvoient à la ville construite et aux activités de ses habitants, d’autre part et surtout ils sont des espaces abstraits. Ils mettent en espace des îlots d’une ambiguïté précise et des petites constructions de grande beauté qui - malgré leur inopportunité - prétendent :“ j’existe ”.

A l’atelier, je dessine directement sur le mur pour développer des éléments ou des agglomérations plus ou moins étendues. A partir de ces dessins, je fais des calques que je peux garder. Ils forment un stock d’éléments que je peux transférer dans d’autres espaces et recomposer selon la situation architecturale donnée.
Je ne travaille pas par projections de diapositives, chaque dessin garde sa propre taille. Dessiner sur les murs est une façon très directe d’investir un espace. Les dessins ont une présence particulière et jouent avec l’espace libre entre les dessins.

G. F.

A landscape under construction
Marseilles is a city that has fascinated me from the start for its diversity and contrasts. Like its population, composed and recomposed of communities and individuals of diverse origins, its architectural appearance is multiple. Old neighborhoods, projects, vacant lots, fragments of former villages flanked by industrial complexes, bourgeois residencies with big yards, all form an hodgepodge in permanent transformation. With my drawings, I build imaginary sculptures and spaces, I conceive architectural elements, city fragments. The various elements are drawn from diverging viewpoints using axionometric perspective. This allows the spectator’s gaze to roam freely, moving in a network of constantly shifting reference points without being stuck on a center. The materials and objects from which the imaginary sculptures are built come from the world of construction and everyday urban life. The spaces they give rise to form a network of well conceived but convertible elements, a potentially interminable ensemble. On the one hand, they recall the constructed city and the activities of its inhabitants, on the other and above all they are abstract spaces. They put housing blocks of precise ambiguity and tiny constructions of great beauty into space which - in spite of their untimeliness - seem to say “I exist” .
In the studio, I draw directly on the wall to develop more or less expansive elements or agglomerations. From these drawings, I make tracings that I can keep. They form a stock of elements I can transfer to other spaces and recompose according to a given architectural situation. I do not work with slide projections; each drawing remains in its original size. Drawing on the walls is a very direct way of inhabiting a space. The drawings have a special presence and play with the free space between drawings.


Ville 1997
Dessin transformable, marqueur sur mur
Vue de l’exposition au Château de Servières, 1997
City
Transformable drawing, marker on wall
Voir une vue d'atelier