FAVRET & MANEZ 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Hyperboréal 2015
Résidence Klaustrid Air Program à Skriduklaustur, Islande

« Hyperboréal » reprend quelques unes des problématiques abordées dans notre précédent ouvrage « Les arpenteurs » : la communauté utopique, le récit fictionnel. Si utopie, il y a, elle réside dans le corps des images et dans notre attitude vis à vis de la réalité de ce territoire. Nous nous sommes attachés à prendre le contrepied systématique des attentes que nous projetons sur ce pays pour montrer une réalité beaucoup plus prosaïque et finalement très proche de ce que nous connaissons sous nos latitudes. Nos photographies explorent la tension entre cette apparente banalité et le dépaysement propre à cet endroit. Siegfried Kracauer dans son texte de 1951 « l’approche photographique » théorise la vision du photographe comme un lecteur imaginatif devant le réel, cette vision résume parfaitement notre démarche.
Nous avons travaillé à l’extrême Est de l’Islande, sur un territoire allant du barrage de Karahnjukar, au nord du glacier Vatnajökull, jusqu’à Reydarfjördur où a été implantée la fonderie Fjardaal appartenant à la compagnie américaine Alcoa que « le barrage de l’aluminium » approvisionne en énergie hydroélectrique. Nos points extrêmes sont situés à 75 km l’un de l’autre, aux limites de l’espace habitable, des hauts plateaux aux fjords de l’Est. Cette série photographique se compose de portraits, de vues urbaines et de paysages. Pour paraphraser Chris Marker, nous avons traqué la banalité avec l’opiniâtreté d’un chasseur de trésor, tout en confrontant cette banalité à ces espaces de frange, de frontière au-delà desquels il est humainement encore plus difficile de s’adapter.

 
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