FAVRET & MANEZ 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Europe, le plan B
Cultiver la ville
2018
 
Ce qui fait que l'on se sent bien dans les villes des Pays-Bas, pour qui est habitué aux villes du sud où le chaos prend le pas sur l'harmonie et la mesure (quand elles existent), c'est la planification urbaine. Chacun sait que les Pays-Bas ont été gagnés sur la mer et construits sur du sable et de l'argile. Cette situation historique et géographique oblige les Néerlandais à mener une politique de programmation étatique très contraignante concernant la gestion de leur environnement.
Breda est une ville moyenne qui était jusqu'au début des années 90 en crise, en partie à cause de la pollution atmosphérique qui vient de ses grandes voisines Rotterdam et Anvers, de la Ruhr et même d'Angleterre. Elle s'est donc développée sur la base de nouveaux quartiers (elle a terminé son extension en annexant quatre bourgs importants le premier janvier 1997) pensés sur un modèle durable.
La ville durable, c'est la ville qui dure grâce à la qualité de l'interaction qu'elle établit avec son environnement. Ce qui frappe d'ailleurs en premier lorsqu'on parcours ces quartiers, c'est d'être face à une ville pionnière dont les fondations ne sont pas encore bien affirmées. Arpenter Breda est déroutant aussi quand on constate que les limites entre la ville et la nature (très domestiquée), même si elles sont marquées, créent une continuité telle, qu'il est très difficile d'appréhender l'une sans l'autre. La ville que l'on connait, dans laquelle le moindre espace, qu'il soit public ou privé, est forcément circonscrit par des murs, des grilles, des barrières, des poteaux, dans laquelle la vue est constamment arrêtée, empêchée, sollicitée, se transforme ici en circulation fluide où le corps et le regard traversent le paysage. Où est la ville dans cette alternance de bâti à forte densité et d'espaces « naturels »?
En parcourant les quatre quartiers que nous avons choisis de photographier, (dans l'ordre : Niew Wolfslaar, Chassé Park, Westerpark et Heuvel), nous avons dû réviser nos schémas de pensée qui opposent la ville à la campagne, le naturel à l'artificiel et nous débarrasser de nos à priori un peu cyniques qui consistent à penser que ce type d'expérience est un moyen de faire passer la poussière toxique des gaz d'échappements sous le tapis verdoyant de la ville durable. Breda n'est certainement pas la ville la plus spectaculaire, d'une banalité exemplaire, elle est peut-être la préfiguration de nos villes futures.

 

Retour au menu Europe le Plan B