Le son étant a priori peu exploité dans le design, l'idée était de fabriquer un objet qui puisse s'inscrire dans notre espace quotidien, notre "home sweet home", au même titre que les lampes halogènes sur pied qui ont transformé l'ambiance nocturne de nos appartements à partir du milieu des années 80.
Le dispositif est le suivant : deux haut-parleurs, montés sur pied comme deux lampes halogènes, sont fixés à la verticale, face à face, l’un au sol, l'autre au plafond. Un haut-parleur est utilisé comme tel, l'autre est utilisé comme microphone.
L’écart entre les haut-parleurs varie en fonction de l'espace acoustique dans lequel ils sont situés. De manière à ce que l'on ai la plus libre interprétation possible du son auto-généré de cet objet lors de notre première rencontre avec l’espace qu’il modifie, “Y” +/- audible peut être dissimulé.
L'amplification de l'espace acoustique et de ses artefacts sonores intérieurs et extérieurs est modifiée par le phénomène de feed-back généré par l'opposition des deux membranes.
L’espace est modifié acoustiquement par la variation d'une fréquence ou d’une note "Y" plus ou moins audible selon la pression atmosphérique et le niveau de décibel naturel présent dans cet espace. En approchant ses mains, ou encore des objets réfléchissant ou absorbant le son des haut-parleurs, on peut créer un jeu psycho-acoustique (dans les bas médium). Des masses et formes sonores se font alors sentir.
À la suite de travaux comme ceux d’Erik Satie (Musique d’ameublement), ou de Brian Eno (Music for Airports), “Y” +/- audible s’inscrit dans une réflexion sur les rapports entre le son et l’espace social à laquelle chaque époque fournit son contexte. Si dans le phénomène de feed-back se rejoignent une dimension technique et une dimension esthétique propres à la technologie du 20ème siècle, le projet est inspiré par un procédé du Moyen Age, intitulé "harpe à vent".
Celle-ci se présentait dans les maisons sous la forme de cordes en boyau tendue entre les deux battants verticaux des encadrements de fenêtre. Ces cordes étaient accordées et vibraient en réaction à la quantité d'air qui se déplaçait entre l'extérieur et l'intérieur de la pièce. Ceci générait une note "Y" ou un accord "X" (drone). L’espace baignait ainsi dans une variation sonore dont l’usage pourrait être comparé, par analogie, à celui de parfums comme l’encens.
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