La série des Véhicules de la désinformation monte la notion de leurre en système. Dans un milieu naturellement protégé de surcharge d’information sonore, cette organisation s’applique à parasiter l’espace de signaux brouillés, codés. Les 2600 Hz sont lâchés, à la manière d’une amorce de pêche (référence aux phreakers des années 70 qui pirataient un central téléphonique à l’aide cette fréquence leur permettant de passer des appels longue distance). Le yool yappa yappa zoink zoink (morceau parodique de Nervous Norvus), onde acoustique errante, devient l’hymne de la désinformation, se propageant comme des bulles d’air en suspension et modifiant le paysage sub-acoustique. La même rigueur scientifique prend soin de détailler le fonctionnement du système. Les Véhicules de la désinformation combinent à la fois la complexité scientifique et le milieu dans lequel ils évoluent (cf Prise de son spongiaire). Ce système de la désinformation, comme l’ensemble du travail d’Anthony Duchêne, interroge le son et ses perceptions, le son comme véhicule à partir duquel s’élaborent des images, des pensées et comment à partir de là peuvent se raconter des histoires par de simples propositions qui développent l’imaginaire.
Extrait du texte de Julien Breta
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