Alain DOMAGALA 

A quel moment se situe la pratique du dessin dans le déroulé de ta production artistique ?
Le conçois-tu comme du dessin de projet ou pas et si ce n'est pas le cas quel statut lui confères-tu ?
Le dessin est une part essentielle de mon travail. Il intervient dans la phase de conception de mes projets d'installation ou de sculpture. L'outil que j'utilise est adapté à ma pratique et à ma façon de la penser.
"Je dessine sur une surface creuse en projetant des formes géométriques simples, qui par assemblage (addition/soustraction) forment des objets plus ou moins complexes".
L'ambiguïté de cette définition témoigne du rapport existant entre cette forme de dessin et ma pratique de la sculpture, qui est à définir du côté du construire.

Quel est ce lien selon toi entre une image/dessin produite grâce à un support informatique et la volonté de la présenter sous la forme d'une projection diapositive ?
La modélisation virtuelle me permet d'obtenir une idée précise de l'intégration d'un projet dans un espace donné. Elle m'offre également la possibilité de manipuler des objets matériellement inaccessibles. Les travaux intitulés " Je suis allé me promener, je me sens mieux ", sont la finalisation de projets qui ne sont pas pensés pour étre réalisés en volume. Ils sont conçus comme des installations virtuelles, qui se matérialisent sous forme d'images, tirages numériques, projections numériques ou diapositives. Ces scènes se découvrent d'un unique point de vue. Je m'attache à y travailler des rapports de taille, de forme et de registre en profitant de la perspective.
La projection diffère la qualification et l'appréciation de ces images. Elle est un moyen de jouer avec le format et de retarder les relations que pourraient entretenir ces objets avec le tangible. J'aime cette idée de promenade et donne à voir ces images comme autant de traces de ces errances imaginaires.

La construction d'un espace toujours à la frontière du plausible existe aussi bien dans les installations que dans le dessin assisté par ordinateur. Pour autant l'un se confronte inévitablement à du réel tandis que l'autre peut se jouer de ce paramètre pour s'en détourner et s'en dégager ! Comment s'articulent ces passages de réels du dessin à l'installation ?
Je voudrais utiliser un mot pour illustrer une image et jouer une fois de plus avec une ambiguïté. Le terme "modèle" désigne aussi bien un objet et sa représentation "réelle" ou "imaginaire". Je pense qu'il évoque justement cette position intermédiaire dans laquelle se placent les objets que je construis soit d'une façon soit d'une autre. Dans ce sens, je ne sais pas si on peut parler de passage d'un état à un autre mais j'aimerais que l'on regarde mes objets comme des images et inversement.

Entretien avec Estelle Pagès
Pour le catalogue de l’exposition Détours et contours, école supérieure des Beaux-Arts de Cherbourg-Octeville, 2003


je suis allé me promener, je me sens mieux
Série d'images de synthèse

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