Claire DANTZER 

 
 
         
   
         
 
 
         
 
 
         
 
   
         
My teenage idol is missing, 2011
Transfert sur papier et crayon
Photographies Jean-Christophe Lett
 
Dans l’épisode, une star idole des jeunes gens disparaît. Sur la toile, l’icône oubliée d’une histoire à la fois intime et populaire réapparait en transfert. Dans le titre, l’évocation d’un sentiment amer, le souvenir d’un être invincible au monde, pouvoir sacré d’un bel âge perdu, manque...

My teenage idol is missing…

Pour cette exposition à la Galerie Martagon, Claire Dantzer nous convie dans les réminiscences d’un nouveau conte faussement enchanté : vertiges d’une super-héroïne usée par les tours du temps sur lui même, délavement mélancolique des fantasmes acidulés de l’adolescence.
A partir de captures d’écran, les figures immatérielles d’une Wonder Woman réincarnée viennent tamponner et se dégorger sur le papier mouillé, ou frotter la surface à l’acétone. Le procédé tire le jus, la pulpe de ce qui resterait d’une image surexploitée et arrêtée dans le temps. Le geste extrait, éponge, condense et tente de recueillir l’essence d’une âme évaporée, que les passages au dessin chercheraient à ressusciter. Le faire insuffle une présence fantomatique et souligne le vide, révèle le corps absent, sculpte les reliquats d’une imagerie à la fois saturée et hors-jeu.
Du Saint Suaire au poster, de la relique à l’accessoire, du culte au comics, Claire Dantzer joue ici des références à la fois gorgées de mythes liturgiques et de mauvais goût.

Autour de Lynda Carter, incarnation à l’écran de l’archétype de la perfection au féminin, de la soumission par l’amour et d’une certaine schizophrénie - histoire d’un dépassement de soi par l’image que l’on sert - l’effigie militaire d’un rêve américain grotesque (Wonder Woman : celle qui porte le drapeau en talon aiguille…) prend tour à tour des figures extatiques de martyrs, des allures d’icône psychédélique hallucinée, de statuaire divine ou de personnage fantastique.
  Le traitement balade le sujet sur fond des stigmates sacrificiels, d’étoiles déchues, de magie rituelle et de cercueil mortuaire. Ste Thérèse, Janis Joplin, Galatée, Blanche neige…
L’œuvre retrouve et réinvente l’histoire, ses origines engagées et ses déclinaisons érotiques mal connues: Princesse Amazone d’un Paradise Island peuplé d’Hollydays Girls où la mythologie rencontre le pur fantasme, ambassadrice en notre monde d’une nation aux velléités justicières, représentante d’un féminisme à l’arsenal retourné contre lui, car la belle au lasso débarquant en pleine seconde guerre finie souvent ligotée à la manière d’un bondage.

Du kitsh au morbide, de l’univers teenage à l’iconographie sado-masochiste, Claire Dantzer s’atèle à un travail de mémoire malicieux et d’abandon douloureux, à l’archéologie d’une légende ici sublimée et malmenée, tenant lieu de Vanité façon série B. Une nouvelle œuvre pour une nouvelle fée, délavée et couverte de bleus, ceux des coups portés par le temps sur nos prétentions passées à l’immortalité. My teenage idol is missing… rappelle aux scénarios naïfs construits à perte, au manque de héros, à la nostalgie risible des utopies sacrifiées.

Leïla Quillacq, Avril 2011.
 
 
My teenage idol is missing (Gisant), 2011
Tissus mixte, caoutchouc, colle, socle en bois et miroir
100 x 170 x 30 cm
Vues de l'exposition My Teenage idol is Missing, galerie Martagon, Malaucène, 2011
 
Vue de l'exposition Condensation, Togu Art Club, Marseille, 2015
 
 
Vues de l'exposition My Teenage idol is Missing, galerie Martagon, Malaucène, 2011
 
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