Vue dexposition, Galerie du Tableau, Marseille, 2016
Dominique reste debout.
Perpendiculaire au ciel.
Jamais sa prière ne s’agenouille.
Elle cite Ingeborg Bachmann :
« Dans l’Art, on ne progresse pas à l’horizontale ».
Lorsqu’elle parle de ses sculptures, elle dit « mes pièces ».
Car chacune est un détail de l’œuvre, une parcelle irremplaçable. Elle sculpte et se soustrait, fabrique et réalise.
Parfois, comme Louise, elle répare et recoud les éventrés.
Quand elle élève des colonnes c’est pour en faire des totems.
Pas besoin d’intercesseur pour parler de l’aïeule.
Les esprits dînent avec elle, son œuvre est peuplée de fantômes. Nul besoin de chaman new-age car chez elle tout est offrande. Ses bois sont des branches.
Elles accueillent ceux qui tombent.
Son arbre, parfois, est généalogique, voire familial.
D’une famille sororale et universelle.
Sans travail et sans patrie.
Un abri au sein de l’obscure forêt.
Dans sa galerie de portraits il n’y a pas deux cerfs identiques. Chacun est unique, parfaitement autre.
Jean de la Croix l’apostrophe :
« Où t’es-tu caché
Aimé me laissant en gémissement
Comme le cerf tu as fui »
Elle répond :
« Toi, mon amant Epileptique, mon Acteon,
mon Amour, ma Charogne.
Tu ressurgiras à la fois Héros et Victime.
Ce nom que tu portes, te fera t-il aussi
Deux fois plus héros et victime ?
Hanté et entêté de cerf.
Cours-tu à ta propre perte ? »
Texte de : Frédérique Guétat-Liviani |