Dominique CASTELL 

Les salles oubliées, château de Trets, 2017
Cette exposition qui fait suite à une résidence d’artistes (Voyons-Voir/ art contemporain et territoire) a été réalisée dans le cadre de Trets, Capitale Départementale de la Culture avec le soutien de la ville de Trets et du Conseil épartemental elle s’inscrit aussi dans la Saison du Dessin, initiée par Pareidolie.
 
Volupté 2017
Vidéo, 6'46''
Vue de l'exposition Les salles oubliées, château de Trets, 2017
Projection dans une salle oubliée du château de Trets.
 
Volupté 2017
Vidéo, 6'46''
 
En attendant 2016
Film animé, 3:14 min
Composition électroacoustique Fabrice martin
Vues de l'exposition Les salles oubliées, château de Trets, 2017
 
En attendant 2016
Image de la vidéo
 
Grande réserve 2017
Dessin fusain et poussière du château sur papier en rouleau, 4 x 7,50 m
Vues de l'exposition Les salles oubliées, château de Trets, 2017
 
Grande réserve 2017
Détails
 

El jardin 2013
Crayon de couleur et soufre d’allumette sur papier en rouleau, 350 x 4 m
Salle des mariages, château de Trets
Vues de l'exposition Les salles oubliées, château de Trets, 2017

 

Notes de résidence
La première fois que j’ai traversé les salles oubliées du château, j’ai été saisie par
l’atmosphère du lieu. Un climat d’obscurité, de silence et de poussière régnait.
Je marchais lentement, sans inquiétude ni nostalgie dans l’espace endormi, essayant simplement de ne rien déranger.
Pourtant, l’air a vibré.
Dans un coin très sombre, des raies de lumières tombées des volets percés, ont accrochées mon regard. Dans ce monde retiré que je croyais sans vie, une danse de poussière a eu lieu. Incroyable spectacle. Elle rendait visible l’air invisible; ses courants gracieux répondaient, aux volutes stuquées des cheminées médiévales.Tout semblait relié. La chorégraphie des poussières furtives actualisait les temps anciens accumulés ici. A cet instant, j’ai senti que ce minuscule évènement serait décisif en ce lieu pour mon travail graphique et vidéographique, qu’il en serait même le principal motif.

J’ai enregistré la ronde des particules et projeté, dans une des salles oubliées, le film Volupté. La magie enveloppante et légère des fumeroles répond aux apparitions mnésiques et aux sonorités étranges du film animé En attendant présenté dans la salle voisine.
Prolongeant le climat aérien, j’ai frotté la poussière charbonnée (prélevée in situ) sur des pans de papier en rouleaux. Le geste, attentif aux mouvements de l’air s’est laissé glisser en larges volutes estompées et balayages horizontaux, faisant émerger de la grisaille des temps, des réserves immaculées, informes, insituables. En regardant le grand paysage que je venais de dessiner, m’est revenu le mot « hantise » lu dans le Génie du non lieu.* Il m’a semblé que là, dans cette salle oubliée, s’était actualisé un dialogue silencieux entre fantômes passés et hantises contemporaines… Les faunes et les acanthes s’enroulent en méandres autour de nos dérives humaines.
Heureusement, dans la salle des mariages, comme les anciennes tapisseries mille fleurs déployées de châteaux en châteaux, El jardin est là, déroulé dans la plénitude du midi. Rose soufré éclatant…
D. C. , Trets, août 2017
*Georges Didi-Huberrman, Génie du non lieu, Air, poussière, empreinte, hantise, (Claude Parmiggiani), Les éditions de minuit, 2001

 
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