Pierre-Laurent CASSIÈRE 

Un combat absurde contre le temps, la mémoire et la représentation révélant la physicalité du son.


Mimnémésis 2006
Vidéo sonore, 4’50’’

Le tuyau d’acier, fermé à chaque extrémité par un bouchon de plastique, mesure environ 700 m de longueur.






La vidéo Mimnémésis a été réalisée suite à la découverte d’un pipeline en construction au bord d’une autoroute allemande. La section avec laquelle je joue mesure environ 700 m de long, ce qui signifie, eut égard à la vitesse du son
(env. 340 m/s) qu’une onde acoustique générée à une extrémité du tuyau arrive à l’autre bout deux secondes plus tard.
Le tuyau étant fermé à ses extrémités, les sons se retrouvent piégés à l’intérieur, condamnés à effectuer des allers-retours entre les deux bouchons de plastique jusqu’à épuisement des ondes.
Afin de produire une onde acoustique puissante, je frappe l’un des bouchons de plastique. Le son percussif traverse toute la longueur du tuyau en deux secondes puis rebondit à l’autre extrémité pour revenir à son point de départ.
C’est alors le premier écho audible, quatre secondes après le coup. Il rebondit de nouveau et parcourt en fait trois allers-retours supplémentaires avant déperdition totale de force de l’onde acoustique. Cela signifie que le son effectue en tout plus de 5 km dans le tube. A chaque écho (quatre pour chaque coup) le timbre du son se modifie, laissant entendre différent effets acoustiques (résonance, doppler etc.).
Les coups portés sur le bouchon de plastique réveillent les résonances du tuyau d’acier. En collant l’oreille à la membrane, les échos successifs de l’onde acoustique deviennent audibles après quelques secondes. Ces derniers sont suffisamment puissants pour percuter physiquement ma tête.

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