Eric BOURRET 

Archeology In Middle East, 1996-2000
Ar Rusafa Syrie, 1999
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Giseh Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Louxor Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Louxor Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Mari Syrie, 1999
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Petra Jordanie, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Petra Jordanie, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Petra Jordanie, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Petra Jordanie, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Petra Jordanie, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Petra Jordanie, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Petra Jordanie, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Sana'a Yemen, 1998
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Saqqarah Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Saqqarah Egypte, 1998
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Saqqarah Egypte, 1998
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Saqqarah Egypte, 1998
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Sinai Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Ugarit Syrie 25 dec, 1999
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Vallee des Rois Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Vallee des Rois Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Vallee des Rois Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Vallee des Rois Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Vallee des Rois Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Vallee des Rois Egypte, 1996
 
Archeology In Middle East, 1996-2000
Dashour Egypte, 1998
 
 
Éric Bourret est un photographe philosophe. Il photographie l'élémentaire, l'eau tournoyante et écumeuse du ressac des vagues, la terre pétrifiée dressée en falaises abruptes, ainsi que l'archéologique, les vestiges de monuments des plus anciennes cultures, autant dire la naissance du monde et la mort des civilisations.
 
> Lire la suite du texte de Jean Arrouye

Vanités photographiques


Éric Bourret est un photographe philosophe. Il photographie l'élémentaire, l'eau tournoyante et écumeuse du ressac des vagues, la terre pétrifiée dressée en falaises abruptes, ainsi que l'archéologique, les vestiges de monuments des plus anciennes cultures, autant dire la naissance du monde et la mort des civilisations.
Plus précisément ses photographies enregistrent les effets sensibles de la force irrésistible qui a modelé les paysages terrestres, qui provoque les remous de la surface des eaux et qui, inlassablement, érode les édifices humains. Le sujet profond des images d'Éric Bourret est donc l'observation des effets de l'action du temps.
Aussi ses grandes photographies partagées entre un noir profond comme la mort et des gris doux comme l'oubli, quand elles montrent des vestiges de monuments, paraissent-elles des vanités.
Celle de l'escalier recouvert de sable accumulé par le vent, qui mène à l'entrée d'un tombeau, dans la vallée des nobles, à Assouan, en est un exemple accompli. Cet escalier est déjà en lui-même un objet de vanité, au double sens de ce terme, parce qu'il fait partie d'un lieu qui se voulait la demeure permanente d'un corps durablement préservé de la destruction et le vestibule de l'éternité à laquelle accédait son âme, et parce qu'il n'est plus aujourd'hui qu'une sépulture profanée attestant de la précarité des ambitions humaines. Sur les contremarches se voient les traces des outils qui ont servi à tailler la pierre, et ces marques de l'opiniâtreté des hommes rendent plus pathétique la déshérence du monument. Le sable rappelle le pouvoir de reductio ad nihil du temps. S'écoulant de degré en degré, il fait de cet escalier un sablier monumental. Qu'on voie sur le sable les traces de pas d'un visiteur moderne ne fait qu'actualiser ce symbole de l'inéluctable entraînement de toute chose et de tout un chacun vers sa disparition.
Si le sens d'une telle photographie dépend pour beaucoup de la nature de ce qui est photographié, les choix photographiques d'Éric Bourret en exacerbent la portée symbolique : le cadrage, qui ne laisse voir ni le commencement ni l'aboutissement de l'escalier-sablier, permet de l'imaginer sans fin, le changeant en symbole de ce que la durée est incommensurable à la perception que nous pouvons en avoir et le domaine soumis à l'autorité de la mort sans limites ; le tirage, qui restreint les valeurs à deux gris mats, dont l'un paraît l'ombre de l'autre, suscite l'impression que le monument est éclairé d'une lumière crépusculaire qui contribue à l'effet de vanité.
Dans la photographie qui met en scène, à Assouan encore, une enveloppe de momie appuyée contre un mur, le photographique l'emporte encore plus sur le photographié. Certes cet objet par lui-même évoque la mort. Mais c'est la façon dont Éric Bourret le donne à voir qui en fait un memento mori. Le gris égal qui règne sur toute l'étendue de la photographie fait que l'enveloppe se distingue à peine du mur écaillé et taché, portant les stigmates du temps destructeur ; de plus elle est marquée d'une tache noire qui abolit localement son volume et sa présence. Le noir, un noir qui ne représente rien, qui n'est que marque d'absence et d'oubli, emplit aussi le lieu où devrait se trouver la tête de la momie, de sorte que, à la place de cette partie essentielle à la perception de l'individualité de l'être (et dans le cas d'une momie à l'affirmation de sa permanence), ne se voit qu'un néant dense, réalité visuelle oxymorique, purement photographique, qui renforce cet autre réalité visuelle démonstrative, mi-réelle mi-photographique celle-ci, qui est que l'absence de tête de la momie se manifeste par une surface en forme de tête de mort. Comme le tombeau fissuré dans le tableau de Poussin Et in Arcadia ego, cette enveloppe de momie emplie de néant figure le triomphe irrésistible de la mort qui vient même à bout des monuments qui prétendent l'emporter symboliquement sur elle.

Jean Arrouye, 2000

 
 
 
Éric Bourret s'est rendu à maintes reprises sur les sites archéologiques ancestraux, Nécropoles, Sanctuaires et Cités Caravanières en Jordanie, à Pétra et en Égypte, dans la célèbre vallée des Rois ou des Reines. Sur ces aires empreintes de mémoire et de mythes comme la forteresse d'Hérode le Grand à Mocheronte où Saint Jean-Baptiste fut décapité par Hérode Antipas, il opère sur le vif…
 
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Un cartographe de l'infime

«  Le monde est avec celui qui est debout »
Proverbe d'après E.J Finbert

Éric Bourret s'est rendu à maintes reprises sur les sites archéologiques ancestraux, Nécropoles, Sanctuaires et Cités Caravanières en Jordanie, à Pétra et en Égypte, dans la célèbre vallée des Rois ou des Reines. Sur ces aires empreintes de mémoire et de mythes comme la forteresse d'Hérode le Grand à Mocheronte où Saint Jean-Baptiste fut décapité par Hérode Antipas, il opère sur le vif, à fleur de peau et par une approche tactile, d'un œil mûr et palpitant, décode ce répertoire de signes, palimpseste de rites, us et rebus qui remontent aux sources de l'humanité.

Topographe statique, scrutateur pensif, sis à côté du trépied, il décrypte, déchiffre avec une impénétrable sérénité, les auspices, figures, stigmates, sigles, symboles, images et indices qui sont ceux aussi de la photographie, trame et trace d'elle-même, dépôt d'empreintes, de grains, sels et strates, à l'instar des plans lisses ou râpeux, rugueux, grenus, égrugés, grumeleux, squameux ou revêches, que l'oeil cajole, caresse, couve, effleure, érafle, éreinte et patine avec tact. La mémoire des lieux est plus vive que celle des mortels ensevelis qui les ont érigés pour leur gloire au prix de la sueur et du sang des esclaves ployés sous les blocs, échinés par les rocs taillés mis en pile, mécano pyramidal ou dédale labyrinthique où erre et s'égare l'écho des voix supérieures que capte l'objectif hiératique du photographe. Face aux vues qu'il appelle un « prélèvement d'espace », l'opérateur œuvre avec une proximité coite, en sympathie, sans exotisme ou pittoresque, sans événement, et affronte, en géomètre, géologue, archéologue ou nécromancien de faits épiques, l'énigme sculptée de la matière.

Sondant au cœur les profondeurs de l'immobile qui pas plus que l'obscur ou le secret ne sont des dangers, le regard tire de l'oubli latent ces décors et monuments, tombeaux, sépulcres, cénotaphes et hypogées, parois souterraines pétrifiées, liftées par la lueur vespérale qu'happe à chaud l'opérateur patient lors d'expositions de durée variée. Sans se perdre dans l'universel ou au delà, Eric Bourret, avec une fraîcheur grave et vivifiante, une intuition pénétrante, persévérante, non exubérante, révèle la substance du temps à l'oeuvre et transcende ce qui est immuable, illimité ou immanent, en rasant seulement les murs, laies calcareuses, parchemins lithiques à l'échelle improbable, qu'accroît le format démesuré à dessein des images, virées au sélénium où le proche minimal alterne avec l'imprescriptible lointain, où l'infime s'allie à l'infini.

Patrick Roegiers, 1997

 
 
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