On ne vit qu’une fois (valeurs d’exposition) 2006-2007 On ne vit qu’une fois est le résultat d’une étude visuelle menée en 2006, où Vincent Bonnet a formalisé quelques principes de la valeur d’exposition, dans un contexte d’économie de quartier, à Belsunce espace traditionnel de la migration du centre-ville de Marseille. Comme manifeste à cette étude, il pose la question du désir de voir ce qui ne cesse de nous regarder et qui semble trop aller de soi : au « Tu veux regarder ? Et bien, vois cela » répond un « Cela a été enregistré ? Et bien, je dois le regarder ». Même et surtout quand « cela » est pénible, intolérable ou carrément invisible.
Prenant pour point de départ les pratiques d’économies informelles qui s’exposent à Belsunce, sur les marchés Bernard du Bois et de la porte d’Aix, il a enregistré des images négociées d’objets exposés, en dévoilant les différents états qu’ils prennent, de leur production à leur consommation et destruction.
La valeur ne porte pas écrit sur le front ce qu’elle est. Elle fait plutôt de chaque produit du travail et du non-travail des signes. Cette étude visuelle cherche à déchiffrer les sens de ces signes, à pénétrer les secrets de l’œuvre sociale à laquelle l’humain contribue consciemment ou non. Et cette transformation des objets et des corps en valeurs est un produit de la société, tout aussi bien que le langage.
Vincent Bonnet a essayé de créer le rendu singulier d’une visibilité, dans cet entre-deux temporel où des situations apparaissent et avant qu’elles ne disparaissent, par des images les plus littérales possibles, dont l’économie est le principe d’exposition. Ces photographies sont travaillées primairement dans un recentrement et un resserage des espaces et des situations, dans une indiscernabilité entre l’approche documentaire et celle d’une construction mise-en-scène. Ces visions relèvent de deux modèles architecturaux : le plan (regarder par terre) et l’élévation (la frontalité d’un face à soi).
Quatre grandes lignes interfèrent et traversent cette série hétérogène : une ligne des objets se déploie du produit au détritus, de la contrefaçon à l’œuvre d’art ; une ligne des espaces s’inscrit entre le projet urbain spéculatif et la propriété privée, du sol commun au mur séparateur ; une ligne du vivant se refigure en fragments et simulacres comme autant d’absence de l’humain tout en révélant une présence animale ; et une ligne de figures de l’argent se dresse du fond comme l’ultime butée provisoire et problématique de toutes ces autres lignes. Ce projet a d’abord donné lieu à une publication, un réenchaînement et un montage de ces images, travaillés par des chocs, des intervalles et des distances, jouant autant le jeu de la relation que du non-rapport. L’hétérogénéité des propositions photographiques amorce la possibilité à la fois d’une écriture et d’une ouverture, qui commence à se formuler en ces quelques mots dans l’insert de la publication : il se peut que croire en cette vie, en ce monde soit devenu notre tâche la plus difficile, celle d’un mode d’existence à découvrir…
On ne vit qu’une fois (valeurs d’exposition) 2007
Diaporama de la série complète (28 images)
Vue de l'exposition à la Compagnie, Marseille, 2007
28 tirages couleurs argentiques 50 x 50 cm, encadrés et sous verre et version imprimée, numéro 1 de L’intraitable, couleur offset, 17 x 22 cm, 1000 exemplaires
On ne vit qu'une fois 2007
Numéro un de la revue L'intraitable
Offset quadri, 28 pages, 1000 exemplaires