Vues de l'exposition personnelle Deep In The Wood, Centre d’art contemporain de Châteauvert, 2021
Crédit photos Alexandre Minard Voir l'affiche de l'exposition
Vernissage le 12 février 2021, à 18h00
avec un concert de Chicaloyoh
Chicaloyoh est le projet musical de la plasticienne Alice Dourlen. « De Nico période The Marble Index à Catherine Ribeiro, Brigitte Fontaine, les étalons ne manquent pas pour situer la voix de la normande Alice Dourlen dans le monde de la musique pop, et plus si affinités. A écouter les disques rituels qu'elle a fait paraître, on flaire pourtant que les piliers de son imaginaire n'ont que lointainement à voir avec la musique : plutôt avec l'onirisme vicié des films de Kenneth Anger, l'érotisme terrorisant de Sade, l'ésotérisme de carton-pâte des maîtres mystificateurs : Cagliostro, Aleister Crowley ou Helena Blavatsky.
Impétueuse, un peu démente, Chicaloyoh use de la voix, des mots (érotiques), du Velvet (Underground) et de l'orientalisme pour tisser des univers épais et épiques qui détonnent merveilleusement à une époque où la plupart des artistes intéressés par le lyrisme déréalisent systématiquement leur onirisme par peur des remontrances. »
L’expérience collaborative est une donnée essentielle et incontournable de la démarche créative de Hifiklub, trio à géométrie variable. Basé à Toulon, cet ensemble de rock expérimental hyperactif affiche un répertoire bigarré et en perpétuelle mutation. Il est riche de quelques 150 collaborations - autant d’amitiéss artistiques fécondes que le groupe a su nouer et perpétuer depuis 2006. Hifiklub explore sans réserve le champ des possibles de la musique, de l’image et du texte.
Quelques collaborations au sein de l’œuvre protéiforme de Hifiklub: Lee Ranaldo (Sonic Youth), Alain Johannes (Queens of the Stone Age, Them Crooked Vultures, Eleven), The Legendary Tigerman, Jad Fair (Half Japanese), Jean-Marc Montera, R. Stevie Moore, André Jaume, Mike Watt (Minutemen, The Stooges), Fatso Jetson, Jérôme Casalonga, Lula Pena, Scanner, Jean-Michel Bossini, Mike Cooper, Duke Garwood ou encore Roddy Bottum (Faith No More, Imperial Teen).
Les membres permanents de Hifiklub sont Pascal Abbatucci Julien (batterie électronique), Jean-Loup Faurat (guitare, effets) et Régis Laugier (basse, voix).
Florie Laroche est danseuse et membre de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Elle s’est formée à la danse classique et contemporaine à Toulon puis a étudié l’histoire de l’art à Paris. L’artiste pratique le genre de la performance pour créer des flux visuels et sonores afin de confronter les problématiques spatio-temporelles qui questionnent sa recherche. Sa démarche créatrice vise à croiser les disciplines, les sources et les temporalités dans le but d’établir des rencontres fugitives mais puissantes. Florie Laroche interprétera Abies cephalonica, une performance qu’elle introduit ainsi : « La forêt, dans nos imaginaires collectifs, s’apparente à une zone inexplorée, une végétation dense, sauvage et une atmosphère relevant du mystère, de l’invisible, de l’inconnu. C’est à travers le corps qu’est explorée cette étrangeté qui émane des bois, lieux inhabités mais extrêmement chargés ; définir l’indéfini des énergies qui transpirent de ces forêts sombres, ou tout simplement tenter de le dévoiler, de le mettre en lumière sans lui brûler les yeux. »
Concert, Lune Apache, 19 juin
Lune Apache, mené par Anthony Herbin, est un groupe toulonnais qui mêle rock psychédelique et shoegaze : un métissage détonnant découvert en 2017 grâce à un EP intitulé Nébuleuse, bientôt suivi par un premier album, Onironautes. Les filiations de Lune Apache sont évidentes : le groupe slalome entre The Beatles, Tame Impala et Flaming Lips, équipé de textes surréalistes, de mélodies pop et de distorsions de guitare. Des instruments venus d’ailleurs - flûte de pan et sitar – creusent la veine de l’onirisme et des rêves acides. Onironautes figure au catalogue du micro label varois Toolong Records. Lune Apache a pour parrain musical Étienne Daho, qui a convié le groupe en première partie de ses concerts. Lune Apache est composé de Anthony Herbin (guitare, voix), David Bouhanna (batterie) et Sébastien Poggioli (basse).
Deep In The Wood 2021
Avec Olivier Huz
Quatre caissons lumineux double face, châssis inox, plexiglas, décor adhésif, FluoLed
120 x 80 x 16 cm – 90 x 40 x 16 cm – 63 x 63 x 16 cm – 30 x 95 x 16 cm
Bas-Relief 2021
Grillage triple torsion galvanise, rivets, bouteilles de vin
11,91 m x 24,32 m (dimensions in situ)
Charles Vourrial, Bataille navale, 1898
Huile sur toile, 220,7 x 112,5 cm
Collection du musée des Comtes de Provence, Brignoles
De Charles Vourrial, vous ne saurez rien dans cette notice, sinon qu’il fut un peintre provençal du XIXe siècle. En revanche la peinture de batailles navales est très célèbre et a une longue histoire depuis la gravure sur bois de la bataille de Zonchio, en 1499, entre les Vénitiens et les Turcs. Les paysages de guerre marine relèvent de la peinture d’histoire destinée à consigner les épisodes glorieux des nations dans leurs instants décisifs. Elle flatte la puissance navale des protagonistes, principalement les Hollandais au XVIIe siècle puis les Anglais et les Français au XVIIIe siècle. Les combats en haute mer dominent la peinture maritime jusqu'au XXe siècle. Spectaculaire, utilisant volontiers la violence des éléments, ce genre pictural a pour ressorts essentiels le rapport de force spatial et le choc visuel des masses.
Nurse With Wound, Salt Marie Celeste, 2003
Steven Stapleton/Colin Potter
Œuvre sonore
01h 01mn 58s
Salt Marie Celeste est sans doute l’une des pièces les plus extrêmes que le groupe Nurse With Wound (NWW), formé à Londres en 1978, ait jamais enregistrées. Elle constitue la bande sonore de l’exposition Deep In The Wood, diffusée aux quatre coins de l’espace. Le son, un drone évolutif et enveloppant, ondule entre deux accords, diffusant une sensation froide et effrayante de dérive, de ténèbres glaçantes et de disparition ultime. A la source de l’inspiration de la pièce, l’aventure extraordinaire du Mary Celeste, bateau marchand retrouvé le 4 décembre 1872 naviguant au large des Açores sans equipage à son bord. Enregistré en 2002 par Steven Stapleton, l’âme de NWW, et le « sorcier » électronique Colin Potter, Salt Marie Celeste était, à l'origine, destiné à l’ambiance sonore d’une exposition à la galerie du centre d’art londonien The Horse Hospital. Salt Marie Celeste est aujourd’hui un monument incontournable de l’histoire de la musique électronique.
Icosajack : V/a (OS.024) 2005
Avec Cocktail Designers
Œuvre sonore
Acier galvanisé blanc et aluminium poli, medium peint, matériel informatique, afficheur digital électronique à LED, casques, câble audio, dimensions variables
Collection du FRAC Provence-Alpes-Côte-d’Azur
Conçu pour le label de musique électronique Optical Sound (Pierre Beloüin), Icosajack est un système de diffusion d’archives sonores numériques, configuré pour une écoute au casque. Son titre résulte de l’assemblage des termes « icosaèdre » (le modèle géométrique de l'étoile) et « jack » (le connecteur). Icosajack : V/a (OS.024) est composé d’un bloc technique en bois peint incluant un afficheur (cartel de la musique à l’écoute) ainsi que de trois étoiles en acier laqué équipées de casques audio à leurs extrémités. Le dispositif fonctionne comme un jukebox aléatoire et sert aussi de structure de diffusion et d’écoute pour des concerts. Les nouvelles parutions du label Optical Sound sont régulièrement chargées dans le système qui est ainsi enrichi pour de nouvelles utilisations et expositions.
Split-Foutain, Deep in the Wood 2021
Avec Olivier Huz
Impression en sérigraphie Split-Fountain sur BFK Rives 270g, 75 x 105 cm
40 exemplaires + 13 E.A, signés, datés et numérotés
Édité par l’atelier TCHIKEBE
Pierre Beloüin a été diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1999. Il est membre fondateur de la galerie Glassbox (1997) et créateur du label et de la plateforme collaborative Optical Sound (1997). Artiste hybride et iconoclaste, directeur artistique et homme-orchestre à ses heures, Pierre Beloüin est par ailleurs enseignant à l’École supérieure d’art et de design de Toulon. Son travail a été montré dans de nombreuses institutions en France et à l’étranger. Ses œuvres figurent dans des collections publiques et privées (Centre national des arts plastiques (Paris), Espace de l’art concret (Mouans-Sartoux), Mécènes du Sud...). Sa dernière monographie a été récemment publiée par les Presses du Réel.
Les titres de ses expositions empruntent à une certaine histoire de la musique. La présente exposition, « Deep In The Wood », réfère à un morceau du groupe punk-rock australien Birthday Party qui résonne avec toutes les œuvres exposées.
Pierre Beloüin traduit - à première vue et comme souvent dans ses projets - l’environnement immédiat de manière littérale. Il est question ici de celui du Centre d’art contemporain de Châteauvert : une sorte de Twin Peaks à la française, chargé de forces étranges et telluriques, de sangliers et de chasseurs...
Pierre Beloüin opère à sa façon en invitant des amitiés visibles ou quasiment imperceptibles. C’est le cas de la formation musicale et expérimentale anglaise Nurse With Wound, qui est en charge de la bande sonore de l’exposition.
L’artiste réactive en outre le travail d’un peintre local du XIXe siècle, Charles Vourrial, avec l’accrochage d’une bataille navale.
Le principal espace d’exposition est organisé autour d’un podium central - sorte de catwalk sans mannequin et vestige d’un défilé invisible, avec un conifère planté à son extrémité. L’ensemble est encadré par des caissons lumineux typographiés et un bas-relief vinicole constitué de bouteilles.
L’installation Icosajack : V/a (OS.024), sculpture sonore en étoile de la collection du FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), présente l’intégralité des albums édités par le label Optical Sound (1997-2020), dans l’espace documentaire qui surplombe la salle d’exposition.
Le prêt de cette œuvre par le FRAC PACA concrétise son partenariat avec le Communauté d’agglomération de la Provence Verte. Une programmation impliquant l’artiste se déroulera pendant la durée de l’exposition dans plusieurs équipements culturels de la Provence Verte : visites commentées, conférences, etc. Ces rencontres étonnantes permettront aux habitants et visiteurs de découvrir un univers mêlant arts visuels et sonores, aussi immersif qu’atypique.
L’exposition « Deep In The Wood » est le lieu de la convergence d’ondes et de formes, brillantes et vibrantes lucioles frétillant au fond d’un white cube en perte de de lumière et d’incarnation. Loin des conventions, les œuvres génèrent leur propre espace dans un épanouissement proche du sublime.