Jean-Adrien ARZILIER 

 
 

Concrétion 2015
Bâtonnets de craie et plâtre, 40 x 60 cm, série n°1 - 12 pièces numérotées
Collection du Fond régional d'art contemporain Occitanie Montpellier

Dans sa série Concrétion, Jean-Adrien Arzilier jongle avec les références, les définitions et les matériaux pour interroger la matérialité des images abstraites. C’est au moyen d’éléments et d’outils issus du volume qu’il construit l’image. Des bâtonnés de craies aux couleurs variées sont incrustées de façon aléatoire dans une surface plane de plâtre. Ces deux matériaux sédimentaires, de densité et granulosité identique, se confondent alors que les notes de couleurs dessinent un motif géométrique acidulé et rythmique qui évoque tant les compositions suprématistes de Kasimir Malevitch, les propositions concrètes de Théo van Doesburg que les motifs ornementaux populaires dans les années 80 et 90. A l’instar des premiers lavis ouvrant à l’abstracion de Victor Hugo et Alexander Cozens, la composition est abandonnée à l’aléatoire. L’expression composition d’ailleurs si usitée en abstraction sera ici remplacée par concrétion. Pour les phénoménologues Sartre et Merleau Ponty le terme de concrétion définit la formation d’une image ou représentation composée par agglomération d’éléments simples. C’est d’ailleurs cet état primordial de l’imagination qui apparait ici : une image indéfinie, exempte de sujet, émergeant à la surface de l’objet, de son hétérogénéité élémentaire. Par déplacement dans le voisinage étymologique des matériaux employés c’est toute la création plastique qui est ici célébrée. On rapprochera volontiers le ciment qu’est le plâtre, concrete et plaster en anglais, aux phénomènes de concrétion et aux questions plastiques, ainsi que la craie, creta en latin désignant aussi une argile, à la création. Tout comme les fossiles du crétacé (âge crayeux) devenus roche dans la roche, qui se révèlent par l’érosion ou la taille, l’image des concrétions se révèle à la surface alors qu’elle est potentiellement multiple dans le corps de l’objet qui la supporte. Alors que Cozens dans ces Blot drawing usait d’un hasard tachiste pour renouveler les formes rocheuses de ces composition paysagiste, ici, Jean-Adrien Arzilier, par un procédé analogue, présente une géologie tout aussi inventive.

 
 
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