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René d'Azur et la cité phocéenne
Résumé |
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La Ganda à l’île d’If en 1516.
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ERRATUM (voir “René d’Azur la jeunesse“)
Nostra culpa: nos informateurs encore très mal formés lorsque la Fondation René d’Azur fut fondée suite à la découverte de La Relique ont gravement déformé le peu d’informations disponibles sur la jeunesse de Nascimento Essepçaõ di Azuro et notamment concernant sa formation auprès de Léonardo da Vinci partiellement et impardonnablement erronée puis son séjour dans la cité phocénne très incomplet dans la mesure où nous savons aujourd’hui qu’il ne fut pas unique mais multiple. Les crétins responsables de cette grossière erreur seront sanctionnés à leur juste valeur.
En réalité, en 1515, El Conde DonJuan Buenaventura Diaz de Hispalia de la Castilla, alias DJ, père adoptif de René d’Azur, l’envoie en Italie auprès de son plus fidèle client et ami, le grand Leonardo. Disciple très dissipé, son initiation sera sporadique bien que prolifique, ses amourettes incessantes l’entraînant aux quatres coins de la botte, de Lampedusa au lac de Garde et de Triestre à Vintimille. Nous ignorons si pendant l’hiver 1516-17 il franchit les Alpes pour se rendre à Amboise auprès de Leonardo, Melzi, Salaï et Mathurine accompagnés de La Joconde, Sainte-Anne et Saint Jean-Baptiste mais nous en doutons sachant qu’il ne supportait pas les mulets. Connaissant d’autre part son goût pour l’escapade plus prononcé que pour l’escalade nous penchons pour une éclipse temporaire à dos de cheval. Ses oreilles indiscrètes auraient appris auprès de bouches non moins indiscrètes, dans une taverne romaine proche du Vatican, l’arrivée prochaine d’un curieux animal offert au Pape Léon X par le roi du Portugal. Curieux et toujours prêt à tout pour échapper aux avances de son Maître ou pour le séduire il se précipite au triple galop à la rencontre de ce cadeau, un rhinocéros qu’il croisa sur l’île d’If au large de Marseille et c’est là qu’il devait commencer à dessiner distraitement et inlassablement la bête. Il rejoindra peu de temps après Léonardo da Vinci alors à la fin de sa vie pour l’y aider à terminer les fameux tableaux que nous connaissons déjà tous et s’adonne à d’autres travaux dont nous ne savons à peu près rien, la Fondation ayant beaucoup de mal à s’entourer d’un personnel sérieux et travailleur.
En recherche perpétuelle au manoir de Cloux sous l’influence et l’oeil bienveillant du Maître il crée par exemple un jour pour François 1° des chausses à clous afin de lui permettre de déambuler avec dignité dans ses jardins verglacées, l’hiver. Toujours distrait ou blagueur il plantera un clou à l’envers qui ira se planter à l’endroit où ça fait le plus mal, le talon du roi. Pour se faire pardonner ou pour se marrer encore un poil il greffera à ces chausses des cannes dessus et des roulettes dessous et les offrit au roi triplement blessé, objet qu’il perfectionnera bien plus tard pour jouer avec Rosa & Rosae, les Amazones amzoniennes aux cicatrices symétriques devenues unijambistes. C’en est trop il sera expulsé. Satisfait, René décide alors de rejoindre ses terres ensoleillées pour y développer ses propres recherches à la lumière du Midi de la France, comme l’avait fait son père Pietro di Azuro près d’un demi siècle plus tôt au “Château de Cartes Blanches“. Très mal accueilli, il s’enfuit à Marseille désertant son domaine désormais en ruine et nommé à présent le “Château de Quatre Planches“. On lui vole tout à son arrivée à Marseille en particulier ses souliers à clous ressemblant fort à nos actuelles chaussures de football, il traîne alors ses pieds nus sur les quais du Vieux Port de la citée phocéenne comme l’avait fait sa mère, Bella di Azuro, la Déesse Noire, près d’un demi siècle plus tôt traversant de long en large le continent africain. À moitié nu, une Mauresque allait lui confectionner un vêtement de fortune avec une toile trouvée sur le port auprès d’un Sarrasin ou un Touareg généreux (ou bien est-ce le contraire). Il vivra ici quelques temps une vie d’artiste excentrique dans les années 1518, il a 26 ans.
Dérangeant les intellectuels bien pensants de la région avec ses idées absurdes et ses discours idiots, seul et méprisé, il finissait, comme nous l’avons déjà vu, la plupart du temps ses soirées dans les bars délabrés du Vieux Port dessinant continuellement des rhinocéros. Aux artistes locaux et autres célébrités toutes aussi locales qui lui demandaient inlassablement et avec ironie pourquoi il peignait toujours des rhinocéros, d’où lui venait cette obsession, il répondait, comme nous l’avons déjà vu, inlassablement et avec ironie que ce n’était pas des rhinocéros mais de la peinture. Nous ne savions rien de plus sur cet épisode de jeunesse et pensions alors qu’il s’était définitivement embarqué vers d’autres horizons plus transparents. Nous avons vu depuis qu’il repassa à plusieurs reprises dans la grande cité, au moins deux à notre connaissance : une fois chargée des cadeaux de François 1° pour Soliman le Magnifique qu’il dû déposer de toute urgence chez le dernier fils du roi René (dit “le Bon“ ou “the Bitch“, nous ne savons plus), une autre fois pour remettre son cadeau d’anniversaire pour les 49 ans de Michel de Nostredame, qui deviendra alors Nostradamus, un inhalateur de colle inspiré par ses recherches sur le carton. Or un de nos correspondants nouvellement recruté en Bretagne vient de dénicher en chinant à Audierne un véritable trésor dans un vide grenier qui rempli de joie le coeur de la Fondation et d’une riche documentation son dépôt niçois. La cave de ce Breton pris à la gorge que nous avons eu la chance de rencontrer regorgeait de vieilleries de famille qu’il essayait de revendre pour une bouchée de far. C’est ainsi que le nommé Ronan Brusqse fit un plaisir de témoigner au nom d’un ancêtre marin pénommé aussi Ronan et ayant séjourné à Marseille au XVI° siècle et ayant été, il peut l’affirmer, l’ami intime de René d’Azur dans ces années-là. En effet une vieille tradition familiale veut que depuis des dizaines de générations, depuis ce Ronan-là, les mâles Brusq se prénomment Ronan et que les mères transmettent oralement à leur fils aîné l’histoire de cet ancêtre original. C’est ainsi que la légende ancestrale, mais est-ce bien une légende ou l’homme un mythomane amnésique, nous raconte que ce marin se fixa quelques temps lors d’une escale phocéenne et participa à des expériences similaires à celle de notre héros dans un local voisin. Il montait des sculptures qui généralement se cassaient la gueule nous dit-ont. On nous dit aussi qu’ils collaborèrent quelques fois, entre autres à la création de nouvelles confiseries, des sucettes amusantes parait-il mais aussi à un élevage de moustiques et autres solutions pour protéger Martigue de la malaria. Nous pensons que René appris les quelques notions d’anglais qui lui rendirent bien des services à l’avenir auprès de cet ami Breton fan du célèbre corsaire Barberousse que nous retrouverons bien plus tard auprès ou contre notre René. Notions qui allaient préfigurer une nouvelle langue, aujourd’hui encore vivante, le taki taki. La légende ajoute qu’ils n’étaient pas les seuls farfelus du coin. Un autre illuminé allumé mais éclairé, souvent sombre, éteint et obscur grattait les murs jusqu’aux os, enfin jusqu’aux pierres afin d’en découvrir l’âme et la chaleur. Il allait répéter ainsi et indéfiniment la même forme carrée selon la méthode répétitive de René avec ses rhinocéros au grand désespoir de ce dernier qui détestait toute sorte de fanatisme et d’idôlatrie et sa propre obsession face à l’encombrant Leonardo.
La cave bretonne nous en livre une représentation picturale intéressante sans préciser ni qui peint ni qui pose. Ajoutons qu’une certaine Natalia ou Nutella ou on ne sais trop quoi, peut-être sa femme, en provenance de Berlin ou en partance pour Hambourg on ne sait pas trop, nos récents informateurs étant dans l’ensemble assez incompétents, bref celle-ci le suivait partout ventre à terre et le dos au mur. Effrayée par ces esprits pourtant chaleureux elle rebouchait systématiquement ces crevasses avec une sorte de mortier gris de son invention, mélange de chaux et de charbon. Ceci amusait beaucoup son ami et d’après le témoignage de Ronan : “la chaleur pétrifiée que lui procurait la machine à faire du soleil et une ferveur lancinante le portaient à sourire. La machine foutue, sa ferveur devenue farouche, il était mort de rire“.
C’est là aussi que René allait se lié à un cousin germain éloigné, Claus, avant de découvrir que c’était ce dernier qui, oeuvrant pour un ennemi de la famille qu’il idôlatrait, un moustachu hystérique au service du Saint empire romain germanique, avait réduit son château à un tas de planches. Claus était sympathique et rigolo et avait, dans les tavernes ouvertes tard dans la nuit, toujours le mot pour rire. En particulier au sujet des femelles qui traînaient leurs guêtres dans ces boujes. René, bien que très respectueux de la gente féminine (sa mère avait été intraitable sur la traite des femmes), souvent ivre, se prétait volontier au jeu. Parlant de jeunes femmes affamées et extrèmement maigres nombreuses dans le quartier empesté, ils disaient par exemple: “celle-là a les seins creux et le trou du cul en relief!“. Ou bien à Claus disant: “une de perdue, dix de retrouvées“ René répondait: “donc dix de perdues, cent de retrouvées et cent de perdues, mille de retrouvées“, et il ajoutait: “ j’en retiens une, La Ganda dont la couleur a la peau si douce“, puis, sûr de lui: “j’aurai mille et un enfants de mille et une mères“, et c’est ce qu’il avait entrepris de faire depuis déjà longtemps et qu’il fit. Une autre parmi beaucoup d’autres de ces plaisanteries oiseuses aura des conséquences futures oisives et lointaines: “femme à grand pieds, femme à oreillers“, René ayant conçu déjà des petits coussins avec l’aide de son maudit cousin pour soulager les jambes de ces jeunes filles déjà usées. Malgré nombre de rires et de sourires dans la cité phocéenne, une nostalgie, la saudade (prononcer saoudadji), une démangeaison, l’a poussé à s’embarquer sur un quelconque navire, vers ce grand large transparent à la peau si douce. Ces adieux furent: "KILL YOUR IDOL", puis: "ou rasez-lui la barbe!". Léonardo en mourut de chagrin dans les bras, nous dit-on, de François 1er. A l’instant même, mais pas à la même heure, René d’Azur prenait possession d’un galion chargé d’or dans le triangle des Bermudes ou la mer des Sargaces ou les deux à la fois et quelques jours plus tard, lors des obsèques du grand homme, rencontrait le petit esclave Roger Joly, son frère de piraterie et de plaisir.
Mais ça c’est une autre histoire.
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Reconstitution d’après les confidences et le trésor de Ronan.
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