|
René d'Azur, la jeunesse |
René d’Azur fut orphelin à sept ans après une tuerie exemplaire dans la cour carrée du Château de Cartes Blanches décrite dans les carnets du Docteur M: le trio familial, encerclé par une population outrée, fut détruit dans la cour carrée. René qui se nomme encore à cette époque Nascimento Essepçaõ di Azuro, est reccueilli en cette fin d’année 1499 par l’ami de la famille, El Conde Don Juan Buenaventura Diaz de Hispalia de la Castilla, alias Don Juan ou DJ, à Séville. C’est là que quelques mois plus tard, encore enfant, il décidait de s’embarquer aux côtés du Portugais Pedro Alvares Cabral à la découverte de terres nouvelles qui devaient s’appeller un peu plus tard O Brazil, pour les arbres qu’elles supportent. Nous sommes en l’an 1500, René a environ huit ans, il va rencontrer La Ganda (prononcer Gandja).
Nous perdons alors sa trace, faute de documents biographiques, pour la retrouver quelques années plus tard, à sa prime adolescence mais déjà très adulte, aux environs de 1505. Nous pensons qu’il voyagea en Europe pendant les quelques années qui suivirent. Tout porte à imaginer alors une vie d’errances mais pleine de déterminations. Nous manquons cruellement d’informations sur cette période essentielle à la compréhension de ce personnage complexe et ne pouvons nous autoriser aucune affirmation. En 1515, DJ, très soucieux et brusquement conscient de ses responsabilités, reprend les choses en main. A l’occasion d’un de ses nombreux voyages d’affaires, il retrouve à la cour de François 1er. son plus ancien et plus illustre client et ami, Leonardo da Vinci (1). L’affaire est conclue, Nascimento viendra à Paris étudier les Arts auprès du grand Maître. Précurseur percuteur, disciple dissipé, il aurait été, dit-on, le favori le plus jalousé de la cour du roi et le plus aimé de l’artiste célébrissime alors à la fin de sa vie.
Entre deux études personnelles il posait, de trop
|
Fesses cachées de René |
|
Face cachée de René |
longues heures à son goût, pour ce tableau. Un jour, impatient, René prit les pinceaux, provocateur, et imposa plus qu’il ne proposa à un Léonardo mi-charmé, mi-curieux et mi-méfiant, «un giocco», un métissage (n’oublions pas que René, bien que blanc de peau, était un métisse, ce qui, heureusement pour lui dans ce monde là, ne lui donnait qu’une allure nonchalante), un portrait hybride de leur deux autoportraits juxtaposés peints à tour de rôle. Ainsi allait s’achever sur une insolence La Giocconde, ou Joconde, ô célèbre chef-d’oeuvre! Ceci préfigurerait même, pense-t’on, l’invention ultérieure du portrait robot dûe à notre René. Le grand Maître fort amoureux de son meilleur élève, étonné par ses nombreuses inventions fort géniales, nous le dévoilerait sous les traits de Saint-Jean Baptiste pour la face et par le fameux sourire pour le dos. Des études très sérieuses sont actuellement en cours afin d’établir enfin la vérité à ce sujet. Mais René d’Azur au cours de ses voyages précoces avait goûté à la liberté et aux saveurs de la terre. Il supportait sans doute mal les contraintes et élucubrations de cet entourage mondain, la cour du roi et celle que lui fait son Maître appassionato tournent court. Son avenir est ici assuré mais c’est ailleurs qu’il réussira, il le sait. Et il a raison, à cinq siècles et quelques millions de kilomètres près. Après seulement un an de cette initiation exceptionnelle il décide de retourner sur ses terres ensoleillées pour y travailler son art à son aise à la lumière du Midi de la France (2). Le tendre Leonardo en mourra de chagrin.
Quel désastre!
Mal accueilli par la population voisine (celle qui a détruit sa famille), son seul soutien, le Docteur M., a mystérieusement disparu, laissant, heureusement pour nous, son fameux carnet, une mine d’or pour la Fondation. Il s’enfuit à Marseille désertant son domaine en ruine nommé à présent le Château de Quatre Planches. La Fondation en a retrouvé les fondations sous le brûlis des quatre planches au Château de Mappe dans un lieu-dit «Palet Oriental» prés de Lorgues et d’un doux platane. Un doute plane cependant sur ce point, les cartes étant battues et les planches mélangées, ces fondations pourraient se trouver sous le Château des Crostes de l’autre côté du village. Désorienté, il traîne ses pieds nus (on lui a tout volé à son arrivée à Marseille) sur le Vieux Port et vivra ici quelques temps une vie d’artiste excentrique.
Un navire portugais fait escale sur l’île d’If au large de Marseille avec à son bord un curieux animal exotique que tout le monde va contempler, curieux. Plus attiré par les gigantesques beuveries des marins que par le gigantesque animal, René d’Azur se trouve certainement là en cette année 1516, il a 24 ans. Distraitement, pour faire passer le temps, il dessine au cours de toutes ces journées l’étrange bête qui n’est autre qu’un rhinocéros, cadeau du roi du Portugal pour le Pape. En souvenir d’une petite fille qu’il a aimé au Brésil, il l’appellera La Ganda. Toute sa vie il devait reproduire indéfiniment ce dessin dont nous retrouverons de nombreuses traces sous diverses formes éparses sur le globe.
Aux artistes locaux et autres célébrités toutes aussi locales qui lui demandaient inlassablement et avec ironie pourquoi il peignait toujours des rhinocéros, d’où lui venait cette obsession, il répondait inlassablement et avec ironie que ce n’était pas des rhinocéros mais de la peinture. Dérangeant les intellectuels bien pensants de la région avec ses idées absurdes et ses discours idiots (ce qui ne le changeait guère du gratin parisien), peu aimé, seul et méprisé, il finissait la plupart du temps ses soirées dans les bars délabrés du Vieux Port qui n’avaient pas de secrets pour lui et séjourna en prison à plusieurs reprises. Une nostalgie, la saudade (prononcer saoudadji), une démangeaison, a fait qu’il a disparu de cet endroit probablement à tout jamais (3) pour s’embarquer sur un quelconque navire, vers ce grand large transparent, vers ces couleurs à la peau si douce, avec peut-être le secret espoir de retrouver La Ganda.
Mais ça c’est une autre histoire.
(1, 2 et 3) ERRATUM (voir René et la cité phocéenne)
|
|
Dessin de René d'Azur, après 1516 |
Aventurier par accident, inventeur par curiosité, artiste paresseux, noble parbleu, pirate par coeur, inconnu par malheur et disparu par ailleurs, René d’Azur aux mésaventures répétitives, aux bricolages ratés, aux chefs-d’oeuvre en péril, à la classe sociale, aux vols de nuit, aux souvenirs de vacances et à la mémoire virtuelle, oublié, rappelé, n’a pas fini de nous étonner, de VOUS étonner |
|